- j’ai pris conscience de la partie vivante et vibrante de moi
- j’ai rassemblé tous ces morceaux de moi-même que les deuils de la Vie avaient éparpillés
- j’ai fait tinter dans chacun de mes mots la clé d’or qui luit au seuil de de mon être
- j’ai retrouvé les beautés et les douleurs de mon enfance et j’ai découvert que les douleurs sont source de Beauté
- j’ai ravivé d’autres souvenirs que je confierai demain à la page – ma solitude éprouvée au cours d’un voyage scolaire en autocar ; mes colonies de vacances ; la façon avec laquelle je conversais avec les arbres et les fleurs du jardin de jadis ; le buisson qui me servait de refuge ; ma fugue avec un livre ; les odeurs de la ferme du Xaintois ; les mirabelles ouvertes tombées dans l’herbe du verger…
- j’ai noté des épisodes de ma vie de jeune adulte qu’il me faut apprivoiser tant ils me sont proches encore en intensité d’émotion – ma promesse de mariage rompue ; la nuit que j’ai passée seule dans un hôtel caché, loin de celui qui prétendait m’aimer avec violence ; ce voyage au Maroc qui a provoqué en moi tant de malaises ; la ville de D dans laquelle je rêve que je retourne avec mes vingt-six ans depuis longtemps passés – comme quoi, le temps d’un songe n’est pas irréversible…
- je me suis fait serment que je consacrerais l’une des pages de mon cahier à un récit plus complet de certains faits qui déterminèrent la construction de ma psyché comme celui des oiseaux fusillés au plein coeur de l’été – j’écris, je crois, pour repeupler d’oiseaux le jardin de ma mémoire
- je prends plaisir à poser ma main sur la page et à voir battre les veines bleues du souvenir sur lequel je me penche
- j’ai appris que ce que j’ai vécu, d’autres l’ont vécu avant moi. Je ne suis pas la seule !
- En écrivant ainsi sur moi, j’envoie en vérité des lettres à une constellation d’inconnu(e)s. Et nous nous comprenons grâce à nos expériences communes, grâce à la magie de l’indicible enfin retranscrit, le miracle de l’universel intime.
ET CELA ME PLAÎT !
Géraldine Andrée