J’écris sans doute
pour vivre encore
un fragment
de ce qui a été vécu jusqu’au bout
et en détachant une feuille
de mon bloc-notes,
arracher un instant
du temps.
J’écris sans doute
pour suivre l’étincelle
qui sautille
sur le sentier roux ;
contempler le battement
de la flamme
juste avant que mon souffle
ne l’éteigne ;
laisser à la pivoine
aux pétales fripés
à fleur d’eau
un jour de plus.
Mais j’écris surtout
pour redonner
un instant ultime
à ce qui est feu ;
avec l’encre
étincelante
de mon point,
maintenir la lueur
de la braise
jusqu’au moment
où l’heure du sommeil
aura sonné ;
avec la liaison
entre deux lettres,
retracer ton sourire
entre tes fossettes
pendant ce dernier déjeuner
en famille,
alors que tu t’apprêtes
à disparaître ;
avec une virgule,
faire palpiter
les ailes
du papillon
exilé de son jardin
et voir qu’il a pu renaître
sous ma fenêtre
en ce poème.
Géraldine Andrée