Je crois que ce sont les pages qui m’écrivent,
Qui me font devenir,
Cahier après cahier,
Celle que je suis.
Géraldine Andrée
Je crois que ce sont les pages qui m’écrivent,
Qui me font devenir,
Cahier après cahier,
Celle que je suis.
Géraldine Andrée
Si je n’avais pas écrit, que serais-je devenue ?
Je ne sais.
Peut-être quelqu’un d’autre.
Mais en écrivant,
je sais une seule chose :
je suis celle qui écrit
sur la valeur
de ce qui passe,
de ce qui traverse
la page
comme cette fourmi
portant un grain de riz,
et chacun de mes cahiers
criblé de questions
sans réponse,
étoilé de poèmes
sans regard,
est un Journal
de mille grâces
dont je suis l’auteur
car j’ai su
lui transmettre
mon signe
de reconnaissance.
Géraldine Andrée
Lorsque je ne peux tout contrôler,
que le destin a ses échéances,
lorsque je ne peux rien changer au comportement d’autrui,
que la maladie et la mort ont le dernier mot,
je reviens à la page.
J’y crée des chemins, des jardins,
des poèmes qui annoncent l’aurore
dans le mot Demain.
Je redécouvre mon pouvoir,
ma faculté de détachement
pour suivre, telle la feuille,
l’élan du souffle qui la mène un peu plus loin.
Je cesse de dépendre
des circonstances
pour être heureuse
et, dans le blanc de neige
du papier,
je trouve une rose
en sa floraison
qu’aucune bourrasque n’abrège.
Je sais que le temps de l’encre
m’apporte tous les possibles
et que cet espace
me permet de vivre.
Je puise
dans ce face à face
avec moi-même
de la force,
de l’audace
et je me vois mieux
que dans un miroir,
car j’ai enfin la certitude
que mon âme
accompagne
ma solitude
et elles peuvent bien creuser leur trace,
les rides sur mon visage !
Lorsque je reviens à la page,
que je puise
dans son silence
qui m’accueille
un murmure d’eau vive,
je me sens devenir grande
comme la majuscule
d’une phrase qui commence.
Géraldine Andrée
Souvent, je me dis :
Il faut que j’écrive
ce que je veux vivre,
donner avec ma plume
de l’élan à ma vérité.
C’est alors
qu’une petite voix
d’enfant
m’interrompt
et me murmure
comme si c’était
un secret
dont je devais
absolument
me rappeler :
Tout est déjà
écrit dans ton coeur !
Géraldine Andrée
Je veux placer un signet pour la page la plus belle de mon journal intime,
celle qui recueille toutes les joies, même les plus minimes,
comme le murmure du vent, le clignement de l’étoile infime
que je reçois comme un signe,
au moment où je cherche à être
comprise,
pour que je retrouve malgré les instants qui se brisent
telle les notes d’une cloche ultime,
les mots de ma mémoire
qui me font croire
à la joie d’un autre chapitre
annonçant déjà son titre
en haut d’une page blanche.
Géraldine Andrée
Sur la page
de mon livre
se déposent
une lueur
ou une brindille
semées par le vent,
un grain de terre
que soulève
le pas du promeneur,
une poussière
– d’étoile
peut-être ? -,
une feuille sèche
qui a bien éclairé
la saison,
une fourmi qui cherche
un mot
à porter sur son dos…
Je demande,
pour tout le temps
qu’il m’est donné
de vivre,
d’être moi aussi
une page
sur laquelle tombent
tous les présents
possibles.
Géraldine Andrée
Je tiens cet été mon journal dans un cahier bleu.
Les pages tournent au vent comme des vagues
pour que le blanc caché sous le bleu m’accueille
quand je me sens seule.
Dès que je m’abandonne à cette large présence,
je me sens lavée de tous mes deuils.
Je retrouve alors la joie de m’élancer vers mon propre souffle,
tel un cheval sauvage
qui court d’un point à l’autre du rivage.
Et il me semble que les gouttes d’encre de mes mots
laissent en séchant sur le papier
leurs lueurs sur ma peau.
Géraldine Andrée
Ecrire m’a souvent sauvé la vie.
Ecrire m’a souvent aidée à vivre.
Grâce à des notes brèves, des fulgurances, des mots éclatants comme des météores,
j’ai découvert que le bonheur, pour moi, était fait de moments :
le chant des oiseaux dans la lumière de juin, lorsque j’ouvre ma fenêtre au matin ;
entendre le bruit de la mer pas très loin ;
une tasse de thé près de mon livre ;
trois gouttes de jus de citron sur du bon poisson grillé ;
une fleur accrochée aux cheveux de ma mère ;
le silence au réveil et le bruit de ma respiration…
L’encre qui brille sur la page est devenue mon miroir.
Je m’accepte inconditionnellement en me relisant, sans fard, avec tous mes défauts et toutes mes qualités, toutes mes faiblesses et toutes mes forces, tous mes échecs et toutes mes réussites, tous mes manques et toutes mes ressources.
Le mouvement du stylo, le lent déroulé de la phrase, la vague du texte qui s’avance sur la page m’ont suggéré d’aller à mon propre rythme, comparable à nul autre.
Une métaphore surprenante ? C’est le signe que je m’abandonne à Plus Puissant en Moi !
Et le silence de la chambre qui entoure l’île de mon cahier me met à l’écoute des murmures de mon temps intérieur.
Arriver à la dernière ligne, c’est rapprocher ma main de mon coeur.
L’action rencontre alors le sentiment et la volonté, l’intuition.
Ecrire m’invite à chaque instant à être l’auteur de mon propre bonheur.
Géraldine Andrée
J’ouvre mon cahier
comme une fenêtre
pour t’y faire signe,
toi, le passant invisible…
Géraldine
Chaque
mot
est une île
au large
de la page
où je me repose,
je me retrouve,
j’ai tant
de choses
à m’annoncer !
Géraldine Andrée