Écrire sur l’épaule de l’ami
dans le sable à fleur d’écume
dans la terre d’automne
dans le limon que la rivière charrie
sur la toile d’araignée étoilée de rosée
au cœur de la mousse qui recouvre les racines
au milieu des cendres de l’encens consumé il y a un instant
entre les plis du drap que la main du plaisir a froissé
dans la neige que balaie le vent
dans la poussière du chemin après la course des enfants
sur les feuilles qu’un souffle disperse aussitôt
sur ce halo de buée au centre du carreau
dans l’argile que pétrissent ensuite les doigts rapides de l’artiste
Écrire pour être le témoin de son propre effacement
Écrire pour dire la disparition de cette trace
puisque personne ne s’en souviendra
Éprouver ce qui se murmure
dans le cœur des moines tibétains
qui éparpillent au loin
d’une simple foulée
leurs mandalas
qu’ils ont constellés
heure
après heure
de coquillages
de perles
de pétales
et de couleurs
Écrire pour redonner
tout le silence
à l’univers
tout l’univers
au silence
qui a toujours été là
bien avant
le mouvement
de nos lèvres
Géraldine
