Bienvenue sur mon site d'écrivain biographe, de biographe familiale, d'écrivain privé, de coach littéraire et d'écritothérapeute en Lorraine, en France et ailleurs ! Vois comme elle est belle, mon ami, la Vie ainsi écrite !
Quand tu écris, prête attention au fait que tu écrives – et à rien d’autre. Prête attention au léger crissement de la pointe de la plume ou du stylo sur le papier et à la rencontre toujours renouvelée entre deux grains, celle de la page et celle de ta peau. Qu’importe que tu aies perdu ton père, que ton amant te fasse un « long silence radio », que tu sois contraint(e) de déménager pour un quartier moins beau. Quand tu écris, soit présent au fait que tu écrives, tout simplement. Tu te fâcheras ou t’inquièteras après. Là, ce n’est pas le moment. Et chaque mot deviendra un instant où tu demeureras tout en avançant, une brève éternité dont tu seras le résident.
Pour laisser une trace à ses proches, ses descendants, léguer un patrimoine spirituel, donner en guise d’héritage le bien le plus précieux : qui l’on a été au cours de sa vie, ce que l’on a ressenti, aimé, pensé, éprouvé. Faire de sa vie écoulée un présent. C’est le motif le plus répandu.
Retrouver le passé et l’actualiser avec les détails les plus fidèles. Il s’agit, alors, d’un acte de foi envers sa mémoire. On fait confiance au processus des souvenirs – y compris les plus enfouis – qui permettent de ressusciter son histoire. Prendre sa revanche sur ce que l’on croyait à jamais écrit : l’oubli.
Se réhabiliter aux yeux de quelqu’un. L’inviter à comprendre les motivations qui nous ont poussés à agir ainsi et solliciter, peut-être, son pardon. S’apercevoir que l’on est, sans doute, ni pire ni meilleur qu’un autre et que ces défauts pour lesquels on endure tant de culpabilité sont le signe de notre appartenance à l’humanité.
Tracer le chemin qui nous a menés vers notre résilience. Voir comment l’on a métamorphosé les épreuves et donc, comment l’on s’est transformé, soi. On développera par ce biais un sentiment de fierté.
Se délivrer d’un événement qui nous hante encore. Lorsque cet événement a surgi de manière imprévisible dans notre vie, il était si violent qu’il était indicible. Reprendre par les mots cette maîtrise sur son destin que l’on avait perdue. Créer une distance temporelle nécessaire entre le Moi et l’événement pour parvenir à le relativiser ou, du moins, faire en sorte qu’il ne nous touche plus autant. Se séparer de la vision fragmentée que l’on avait de soi et reconquérir, dans la vision de son livre de vie relié, une meilleure unité narcissique, indispensable à l’épanouissement personnel.
Tenir à nouveau le fil da sa vie : au fil de l’encre, repérer les répétitions, les patterns qui ont entravé notre bonheur ou notre évolution personnelle afin de s’en libérer.
Revivre des moments heureux et voir que ce bonheur a souvent dépendu d’un lieu, d’une époque, d’une personne. Serait-on le même aujourd’hui si l’on n’avait pas eu cette chambre, cette grand-mère ? Ce jardin n’a-t-il pas développé l’espoir en la réalisation de nos rêves ? Cultiver la gratitude envers tout ce que la Vie nous a déjà offert, c’est se créer une vie meilleure.
Redonner du sens et de l’importance à un détail, du signifiant à ce que l’on croyait jusqu’ici banal et insignifiant : on mesure alors combien une odeur, la couleur d’une journée, une chanson particulière font partie de notre construction intérieure. La chanson Diabolo Menthe d’Yves Simon – entendue à la radio – m’a encouragée à reprendre mes carnets secrets au sortir de l’adolescence où j’avais commencé à douter du pouvoir de l’écriture. Il a donc suffi d’un rien – une chanson diffusée par hasard et que j’ai entendue au bon moment – pour m’empêcher d’abandonner l’écriture.
S’apercevoir que l’on est riche de tout ce que l’on a vécu et que c’est cette somme d’expériences qui forme le matériau d’une écriture vivante. Sans aucun orgueil de notre part, donner une forme de pérennité à notre passé afin que notre vie personnelle ait des échos universels. Telle ou telle épreuve, en effet, peut aider quelqu’un d’autre à triompher de ses propres difficultés. Parvenir à toucher une seule personne, c’est immense, c’est Tout.
Mieux vivre le présent : ici et maintenant. Comme notre histoire, longtemps restée silencieuse à l’intérieur de soi, a été extériorisée sur le papier, on devient ainsi qui l’on est vraiment. On ne se laisse plus avoir par de fausses images ou de fausses croyances sur notre être. On a accompli une sorte d’exorcisme qui nous a délivrés des sortilèges – c’est-à-dire des schémas qui nous empêchaient d’exister vraiment. J’ai connu cette satisfaction après avoir achevé mon roman Le Grand Retour. Enfin, j’étais sortie de l’emprise d’une histoire d’amour dont je n’avais pas vraiment fait le deuil, même vingt après. J’avais quitté pour toujours la maison blanche.
On vit souvent avec pour seuls objectifs « faire », « accomplir ».
Aussi, lorsque l’on écrit son journal intime, on raconte davantage ce que l’on a « fait » dans sa journée que ce que l’on y a vécu.
Et quand on referme le cahier, on peut éprouver du regret, voire de l’amertume : notre récit est plat, « trop quotidien ». Assurément, il manque quelque chose à sa vie. Mais quoi ? Sans doute la Vie elle-même.
Alors, on cherche un événement qui ajouterait du piquant à l’existence. En vain. Il est difficile d’en trouver d’intéressant à relater chaque jour. Et si l’on se met à en inventer, on n’écrit plus sa vie…
Et si, pour mieux vivre, on commençait à écrire sa vie autrement ?
Si, pour mieux écrire sa vie, on commençait à vivre autrement ?
Au lieu de « faire », puis de « raconter », il suffit parfois d’observer, c’est-à-dire prendre le temps de s’arrêter puis de capter à travers ses cinq sens ce qui se passe à cet instant : un rayon de soleil est apparu à l’angle de la pièce, un chat bâille, il flotte une odeur de café dans l’air, on entend tomber une petite goutte dans l’évier, le tissu du nouveau chemisier est doux à porter…
Il y les coups réguliers du marteau dans l’appartement du dessus, la poussière luit sur les meubles, la voisine doit cuisiner une sauce béchamel, une mouche se pose régulièrement sur mon bras, elle s’annonce avec des étincelles bleues, juste avant de bourdonner…
Ensuite, il convient de noter dans son cahier le jour, l’heure et d’élaborer sa petite liste « d’instants observés », sans jugement, sans émotion.
On peut même jouer le jeu de s’acheter un agenda et, au lieu d’y inscrire les rendez-vous, les tâches à achever, noter dans chaque case ce que l’on a « perçu » aujourd’hui.
On devient ainsi le témoin d’un instant, le spectateur du cours du temps, le contemplateur du rythme de ses jours, ces jours qui ne reviendront plus jamais et qu’il faut saisir, vite, avec la pointe de sa plume pour les accrocher au papier.
On aimera, plus tard, relire ces recueils d’instants observés, se dire
« j’étais assis(e) à cette table que j’ai donnée depuis longtemps, le 12 juillet 2020 à 17 heures et mon coude touchait son vieux bois », « au moment où j’écrivais ceci, le thé infusait dans la théière argentée », « j’ai vécu hier comme aujourd’hui », « c’était au temps où j’habitais la maison de la rue Bouchot »…
Dans ce cahier, il ne se passe rien en apparence. Non. Rien n’arrive car tout est inscrit dans cette évidence qui nous rend présents à ce qui est là, bien loin de toute attente.
Géraldine Andrée
Être, c’est observer tout ce qui est présent.
Pour compléter le sujet de ce billet, vous pouvez visionner ma vidéo L’écriture et le temps.
Donnez-moi un poème rien qu’un poème pour que le sentier de l’enfance vienne à ma rencontre que j’épouse le chant du vent et que je le pose sur mon coeur avec la foi en la trace qui s’annonce
Donnez-moi un poème pour que je sois le témoin de l’aurore où une étoile tremble encore et que je commence chaque phrase de lumière par une majuscule qui danse
Mais vous pouvez aussi écrire une autre biographie.
Celle des instants qui ont le plus compté pour vous,
celle qui va rassembler dans un récit des fragments de votre vie
que vous avez vraiment aimés
et où, tout simplement, vous étiez vous,
joyeux, vibrant, vivant :
un coucher de soleil, un matin au jardin, les marrons sur le chemin de l’école, la robe violette de vos dix ans, ce match de foot où vous avez gagné et où vous sentez encore le rouge du bonheur vous monter aux joues, les bâtons de réglisse pendant votre convalescence qui brunissaient votre bouche, votre costume de clown pour Mardi-Gras, les dessins de votre souffle sur la fenêtre…
Vous pouvez écrire comment la Vie s’est accomplie à travers vous,