Publié dans Poésie, Poésie-thérapie, Un troublant été

Je suis une enfant de l’été

une enfant de la lumière qui danse sur les branches du noisetier

une enfant des glaces à la pêche et à la vanille

une enfant de la vague qui se faufile la maligne entre les lanières des sandales

une enfant de ce baiser partagé au bord de la fontaine tête renversée

une enfant des prunes éclatées

une enfant de cette histoire d’amour derrière les persiennes closes

une enfant du jardin que la chaleur rend muet

une enfant des roses arrosées tôt et dont la constellation de gouttes brille avant d’être éteinte par le soleil d’août

une enfant des herbes folles qui dispersent les paroles

une enfant des ombres entremêlées qui s’attardent sur le sentier bleu ajoutant à l’instant un mot d’adieu

une enfant du premier poème tapé à la machine à écrire Royale

et de sa feuille détachée du rouleau tel l’ultime pétale

C’est la rentrée

Il te faudra exister même quand les jours seront courts

garder dessiné en toi ce sourire d’aujourd’hui

pour que tous les hivers à vivre te soient infiniment doux

Géraldine

Publié dans Histoire d'écriture, Journal de mon jardin, Récit de Vie

Le carnet du jardin

La pluie
a tellement
gorgé les plantes
qu’il me semble
prendre
en marchant
une infusion
de verveine
et de menthe…

Quelles
sont donc
ces étincelles
pour mes yeux seuls ?
C’est l’herbe
qui s’ébroue
de tous
ses brins
après son bain
dans le premier
rayon de soleil !

Et ces pas
qui laissent
leur empreinte
dans la terre douce,
ramollie
par les averses,
ne sont-ils pas la preuve
que j’écris
le chemin ?

À mon retour,
je dispose
les fruits vermeils
dans la corbeille
et pour la récolte
de mon humble
expérience
du jour,
j’ai comme panier
mon carnet
de notes…

Géraldine Andrée

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Jouer avec la pluie

Je me souviens comment enfants

nous sortions nous amuser dans le jardin après la pluie

Nous soulevions la mousse du muret

pour pêcher des limaces des escargots

que nous posions sur la ligne de départ

marquée par une branche de coudrier

pour une course à travers la pelouse

Nous faisions la toilette de nos peluches

dans les flaques du sentier

puis nous cueillions des brins d’herbe

des pissenlits encore trempés au soleil

qui étoilaient de leurs étincelles

le cœur en osier de nos paniers

Nous nous disions alors

Voilà la salade de notre déjeuner

à la sauce aigre

-douce

Nous ne nous disions jamais avec regret

en regardant la fenêtre

Zut

Il pleut

car nous savions qu’il nous serait promis

de jouer avec quelques

gouttelettes

et nous étions heureux

Géraldine Andrée

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Je jardine

Je vis en ville. Mais chaque matin, je vais dans mon jardin. Là, je sème un rêve ; j’observe comment pousse un projet, tenu droit par le tuteur de ma volonté ; je plante un espoir ; je fais mûrir des pensées en prenant bien soin de leurs graines. Je récolte des fruits qui sont souvent très différents de ce que je croyais. Qu’importe ! Je les répertorie patiemment sous ma paume en donnant un nom à chacun.

Parfois aussi, je désespère. L’étendue devant moi semble silencieuse et gelée. Alors, il faut que j’attende d’être réchauffée par une lumière qui vient des profondeurs pour creuser loin, jusqu’à la source du souci. Et quand une goutte de délivrance jaillit, je la dépose sur le brin d’une promesse. Je sais que seul le temps a le pouvoir de la floraison – et donc de la réponse.

Je me contente de me pencher sur ce qui doit advenir. La feuille ne peut m’accorder un signe que si elle est maintenue en vie par la sève montant des racines. L’encre du jour est cette sève qui me relie à elle. Je tends l’oreille pour témoigner de son voyage.

Je vis en ville mais chaque matin, je jardine, c’est-à-dire que j’écris dans mon cahier intime.

Géraldine Andrée

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Sa plume au cœur de l’été

Avec sa plume, elle retourne au cœur de l’été de ses dix ans, dans la maison de vacances de sa grand-mère où la brise se répond à elle-même par chaque fenêtre ouverte, où brille l’herbe sous le soleil d’août, constellée de lueurs vertes.

La maison de l’enfance fleure bon la confiture chaude de reines-claudes.

Le ventre rempli de fruits, un peu alourdie par sa gourmandise, elle joue près de la remise à la marelle dont elle a tracé les traits de craie blanche sur la pierre grise.

Elle sautille ainsi de case en case, depuis la terre jusqu’au ciel, c’est-à-dire jusqu’à la tache d’ombre dans laquelle se love la chatte qui parfois tressaille, traversée par un rêve – sans doute est-ce la rencontre d’un chat d’un autre pelage…

Puis elle répond à l’appel de sa grand-mère qui se pose, telle une aile chatouilleuse sur son oreille :

-Viens, ma petite ! C’est l’heure !

-Oui ! J’arrive !

Et elle se retrouve à vivre dans l’été de ses cinquante ans. Elle se sent alourdie par la vie qui lui a bien souvent offert des fruits verts. Elle a perdu l’insouciance qui l’incitait à sauter dans des cases blanches depuis cette terre dont elle a pensé, à plusieurs reprises, être étrangère.

Mais elle possède la maturité nécessaire de jouer à une autre marelle – celle d’un poème évoquant sa vie et qu’elle écrit dans son cahier gris par une chaude après-midi de dimanche d’août.

Elle saute lentement, de carreau en carreau. Les enjambements remplacent son cloche-pied de petite fille entre les numéros, désormais devenus des mots.

Et elle sait qu’elle a atteint le ciel lorsqu’avec la pointe de sa plume Major,
elle est arrivée jusqu’à son cœur.

Géraldine Andrée

Photo de Legend Vibe
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Le miroir de la mémoire

Au mot mémoire j’associe le mot miroir
La mémoire est un miroir
où se reflète l’éclat des choses passées

le garage à vélos sous le feuillage
la serre de Grand-Père aux plantes entrelacées
les œufs de Pâques cachés sous le noisetier
les vitres vertes de la verrière qui rendaient l’ombre de ma chambre si claire
l’épais rideau derrière lequel j’avais peur de voir surgir le Gnolo ce monstre hydrocéphale
le tablier de Grand-Mère rempli de nèfles
les fleurs de porcelaine bleue des tasses de thé
le fauteuil à bascule sous le soleil de l’après-déjeuner
le vitrail de la porte qui allumait le long de l’escalier des lueurs orangées
le feu de feuilles flétries dont la fumée se dévidait jusqu’aux lisières de la ville

La mémoire est un miroir
où les souvenirs brillent encore
de tous leurs yeux d’or
à la manière des astres morts

Géraldine Andrée

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Sans titre

Alors j’ai prié
toutes les roses
de la roseraie
et la vie m’a offert
un bouquet
de souhaits
à écrire

Géraldine Andrée

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La phrase du matin

Derrière les volets clos,
le rayon de l’aurore
réveille les rumeurs
du vieux port.

Notre nuit d’amour
n’est plus que le point d’or
de ta cigarette
qui se consume encore.

Mais je sais,
non loin de nos corps
et de l’île
de la lampe allumée

sur le napperon
en fleurs,
la ligne blanche
de l’océan qui commence

puis à fleur
de ma paume,
la page
de ta peau

sur laquelle j’écris
une phrase invisible
connue
de moi seule.

Géraldine Andrée

Publié dans Journal de mon jardin, Un troublant été

La première dans le jardin

Je voulais être la première dans le jardin.
Bien sûr, il y avait déjà beaucoup de monde
qui s’empressait à la grille.
Mais qu’importe !

Je voulais être la première dans le jardin.
Avant que les cris des enfants
ne recouvrent
le bourdonnement des silences

pour une glace à la fraise
ou à la menthe,
je voulais surprendre
au bord des sentiers

le jeu des ombres bleues,
les reflets de la terre
pas encore foulée,
le papillon qui épouse

le cours du vent,
l’abeille qui batifole
autour de l’or
d’une herbe folle,

un rayon de soleil
qui entre
malicieusement
dans une corolle.

Et je me souviens
– comme si c’était hier –
de l’instant de mon pas
sur le seuil,

aussitôt la grille ouverte,
et de la toute petite
note
de l’oiseau

qui m’accueille
en sa verte
lumière
et dont l’écho

de l’étincelle
se répète
de feuille en feuille
pour que je la suive

toujours plus haut,
parmi le balancement
des branches
au-dessus du jardin

qui fut le premier
à honorer
notre rencontre,
comme si je venais au monde.

Géraldine Andrée

Publié dans Poésie, Poésie-thérapie

Prière

Donnez-moi encore

quelques beaux jours

pour faire fleurir

mon poème

Géraldine Andrée