Que sont donc
devenues
nos ombres
sur le sentier ?
Je me le demande !
Alors, je recopie
à l’encre
bleu foncé
une phrase
de Sôseki
pour les retrouver :
« La suite reste enfouie au fond de mon cœur. »
Géraldine Andrée
Que sont donc
devenues
nos ombres
sur le sentier ?
Je me le demande !
Alors, je recopie
à l’encre
bleu foncé
une phrase
de Sôseki
pour les retrouver :
« La suite reste enfouie au fond de mon cœur. »
Géraldine Andrée
J’ai voulu retrouver
le parfum de l’ancien été
dans les bouquets de lavande
au cœur du silence,
dans les draps frais
de la chambre qui m’accueille,
dans le souffle des feuilles
qu’un murmure remue,
dans la houle des herbes
à l’aube,
dans les vagues des prés
au soleil,
dans l’appel d’enfant
que lance le vent,
dans la lumière
de la crème à bronzer,
dans la cannelle
du gâteau doré,
et même dans les mèches
de Marie
qui dansent
tout près de mes yeux
quand un seul pas
me rapproche
de l’étoile qui luit
dans la corolle de la nuit…
Mais je n’ai jamais retrouvé
le parfum de l’ancien été,
enfoui entre les pages
d’un livre invisible
que le temps jalousement
garde pour lui.
Géraldine Andrée
Retrouver
la chambre
de l’enfance
et sous l’édredon
qui fleure
bon
la lessive
de lavande
vivre
mes rêves
pendant que le feu
vermeil
et tranquille
d’un bouquet
de roses
me veille
Puis le lendemain
me voir
dans l’aube
du miroir
un peu autre
plus neuve
plus heureuse
ignorante
de toutes
ces épreuves
qui m’attendent
Sourire
ainsi
à mes yeux
tranquilles
en bordant
chacun
de mes cils
de mascara
bleu
sans me soucier
d’entendre
la voix inquiète
de ma mère
qui s’exclamera :
Voyons !
C’est beaucoup trop tôt !
Tu es si jeunette !
Géraldine Andrée
Je suis retournée là-bas
en rêve
et j’ai retrouvé
l’empreinte de mes pas
sur la terre de l’allée,
le feu nacré des roses-thé,
les étincelles du rire de Maria,
l’ombre bleue du tilleul,
et quand j’ai franchi le seuil,
l’impression que je n’étais pas seule
car il y avait une fenêtre
ouverte pour moi
dans l’été.
À mon réveil,
je me suis sentie
si habitée
par la vie
de jadis,
que je me suis demandé
si l’absence
de toutes ces choses,
de tous ces êtres
n’était pas un rêve
et si ce qui m’était revenu,
le temps d’une nuit,
dans le secret
de mes yeux fermés,
n’était pas réel…
Géraldine Andrée
J’ai souvenance
du bleu
que la neige
me révélait
lorsque mon pas
posait son empreinte
sur le chemin noir
du soir
Aujourd’hui
mon encre
a le même reflet
que la neige
de jadis
quand
j’écris
dans la nuit
Géraldine Andrée
Le plaisir
de traverser la forêt
puis de rentrer,
d’ouvrir son carnet,
et, les doigts encore transis,
de noter
tout ce que l’on a rencontré,
l’animal errant,
la brindille,
la tige dépouillée
et la trace de son pas tranquille
dans la terre mouillée.
Géraldine Andrée
Depuis le temps que je le désirais, ce silence au coeur de la nuit, le voici !
J’allume la lampe nouvelle.
La maison est calme.
Dans sa paix se mire mon âme.
C’est un instant précieux que celui de voir luire l’encre bleue sous l’ombre de ma plume qui s’allonge pendant que ma main avance dans le blanc.
J’écrirai chaque soir où le noir de cendre tente de recouvrir le feu.
J’irai à la poursuite du mot Rêve qui me fait signe
et dont le point d’or cligne devant mes yeux.
Je déposerai mon souffle sur la feuille qui, déjà, me porte
et m’emporte
vers ce message qui m’attend.
Géraldine Andrée
Elle me dit
Prends ton appareil
photo
et photographie
le jardin
Il ne faut pas oublier
toutes ces belles violettes
ces feuilles
de trèfle vertes
ces roses au soleil
Évidemment
il n’y a point
de jardin
entre les murs
de la maison de retraite
Alors j’écris
ce texte
pour garder souvenir
du jardin invisible
qui existe
dans le regard
sans mémoire
de ma mère
Géraldine Andrée
Le beau rivage de l’été
est parcouru d’un vent glacé
Je crois que je peux descendre
jusqu’à la vague
pour retrouver ce souffle
qui s’enroulait autour de mes hanches
et me faisait dériver doucement
vers la lumière
Mais le vent m’avertit
que si je vais plus loin
la vague fouettera mon visage
de sa haute main
et que le voyage
vers l’azur brun
sera inexorable
C’en est fini de l’été
de l’abandon
à la confiance
immense
de l’océan
Alors je rebrousse chemin
Je remonte la pente
de la plage
et je m’en retourne
vers une autre rive
celle de la page
que mon souffle
élargit
jusqu’à cette lueur bleue
là-bas
ce point ultime
qui me fait signe
aussi loin
que me porte
la foi
de mes yeux
Géraldine Andrée
Écrire mon journal
c’est comme
marcher dans les feuilles
de l’ancien automne
tandis qu’apparaissent
entre deux intervalles
de ciel
les feuilles nouvelles
Géraldine Andrée