Publié dans Au fil de ma vie, Histoire d'écriture, Le cahier de la vie, Le livre de vie, Récit de Vie

Transformez Votre Vie à Travers l’Écriture Biographique

L’écriture biographique : une véritable métamorphose de Soi

Publié dans Au fil de ma vie, Histoire d'écriture, L'espace de l'écriture, Le temps de l'écriture

Rencontre Mystérieuse : Quand la Vie et l’Écriture se Sont Fixé un Rendez-vous

Les deux amies

Je ne sais pas
quand l’écriture
et la vie
se sont rencontrées :

je crois
que c’était le jour
de ma naissance
– le six juillet -,

à l’heure
du rendez-vous
qu’elles se sont fixé
en secret

– vingt-deux heures
et cinquante
minutes -,
et alors que je n’avais rien

vécu, ni écrit,
que mon seul langage
était un cri,
elles se sont mises en route

dans la nuit,
à partir des deux points bleus
de mes yeux
encore clos.

De jour en jour,
elles se sont partagé
conseils
et confidences.

Lorsque l’une
manquait de courage,
l’autre la consolait,
l’aidait à avancer,

la guidait
vers une nouvelle
page,
un autre ciel.

La vie apportait à l’écriture
l’expérience,
l’écriture offrait à la vie
la connaissance.

C’est ainsi
qu’elles ont tracé,
enlacées,
un long chemin

jusqu’à ce matin
où je ne sais
si ma vie a changé
grâce à l’écriture,

ou si mon écriture
s’est métamorphosée
grâce à la vie…
Mais qu’importe !

Puisque c’est moi,
le lieu neuf,
dans lequel elles se rencontrent
à chaque instant,

pour témoigner
de l’indicible étreinte
entre ici
et maintenant.

Géraldine Andrée

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Ce noyau en moi

Ce noyau en moi
C’est lui que je dois toucher
connaître
découvrir

cœur d’or
pépite de lumière
étoile vibrante
pétale d’astre

déposé
par un souffle
inconnu
sur cette terre

ce noyau qui existait
bien avant ma naissance
recouvert ensuite
par les peaux de l’identité

les couches de la persona
les écorces de l’éducation
et qui repartira
vers là où il est venu

roulant parmi les météorites
suivant l’accélération
de l’hélice
de l’univers

ce noyau
d’où viennent
vérités perceptions
intuitions poèmes

ce noyau
que j’ai souvent ignoré
mais qui était toujours
présent

qui est
à cet instant
où j’écris
ce noyau

me préparant
à devenir fruit
au cœur
de la vie

Géraldine Andrée

Publié dans Créavie, Histoire d'écriture, Le temps de l'écriture

Sept conseils pour écrire un livre

Bien sûr, je pourrais écrire tout un livre sur l’écriture d’un livre. Mais comme tu es peut-être pressé de te lancer, je pare au plus pressé et je te donne donc ici sept conseils pour bien commencer.

  • Ne change pas ta vie pour te mettre à écrire. Sinon, tu seras beaucoup plus occupé à transformer tes conditions matérielles qu’à t’asseoir exclusivement à ta table, avec ton stylo et tes feuilles.
  • N’attends pas que ta vie soit bien rangée pour entamer ton projet. Écris là où tu es, au milieu des miettes, du linge qui attend d’être plié ou tandis que l’eau bout dans la casserole. Intègre ton livre à ta vie. Comment ? En faisant en sorte que ce ne soit pas ton écriture qui s’adapte à la vie, mais la vie qui s’adapte à ton écriture.
  • Pour cela, donne-toi des rendez-vous comme si tu t’offrais des rencontres régulières avec ton ami le plus fidèle. Un livre ne s’écrit pas en une-fois-c’est-bon. Un livre s’écrit sur la longueur, en de multiples fois. Un travail hebdomadaire mène toujours à l’accomplissement. Fixe dans ton agenda une heure et un jour qui resteront les mêmes : Vendredi à 14h, écriture de mon roman. Si un cas de force majeure cause l’ajournement de ton rendez-vous, établis un autre jour. La carie dentaire, l’enfant malade ou la fuite de robinet ne sauraient avoir raison de ton rêve !
  • Considère l’écriture de ton livre comme un voyage composé de plusieurs haltes avant de te mener à la destination finale. Aussi, attribue à chaque séance d’écriture une petite destination. Voilà, je dois arriver à la chambre rose aujourd’hui. Quels paysages sensoriels, émotionnels vais-je traverser ? Quels sont les événements, les coïncidences qui s’apprêtent à surgir sur ma route ?
  • Lorsqu’on part pour un long voyage, on en prépare patiemment les étapes. Fais de même pour ton livre. Établis un tracé de ton déplacement, c’est-à-dire fais un plan : 1) La descente du train 2) Le baiser 3) La visite du musée 4) La dispute pour un avis esthétique 5) L’attente dans la chambre rose 6) Cette nuit d’amour n’aura été qu’un songe…
  • Puis écris ; écris sans te poser de question, sans lever la pointe de ton stylo du papier ; écris sans te soucier des fautes de syntaxe, d’orthographe ou des maladresses de style dans un premier temps. Il sera toujours temps d’y revenir lorsque tu auras pris de la distance avec ton travail. Là, tu pourras réorganiser l’enchaînement de tes idées, réparer une tournure, trouver un synonyme plus fidèle à ta pensée, repriser un défaut dans les accords, redresser une proposition, veiller à la cohérence narrative et à la transmission de l’émotion. N’hésite pas pour cela à réécrire certains passages sur un autre cahier, à souligner ce qui te paraît fade pour l’accentuer, à passer du stylo aux touches du clavier ou des touches du clavier au stylo afin de varier les perspectives sur le déroulé de ton projet.
  • Ne sois pas tyrannique avec toi-même. Accepte de recommencer ton livre, de le lire et de le relire pour l’améliorer (car écrire, c’est, avant tout, se lire autant de fois que nécessaire). Ceci dit, n’éclate pas en sanglots devant la moindre coquille sur deux-cents pages. Le sais-tu ? Le livre parfait n’existe pas. Seul existe le livre excellent, c’est-à-dire le livre idéal pour toi et certains de tes lecteurs, porteur d’une vibration de vie. Sois le passeur de cette vie avec ta plume, tout simplement !

Géraldine Andrée

Publié dans Créavie, Dialogue avec ma page, Grapho-thérapie, Histoire d'écriture, Je pour Tous, Journal de la lumière, Journal de ma résilience, Le cahier Blueday, Le temps de l'écriture

Ce rendez-vous avec toi-même (m’aime)

Tes retrouvailles avec ton cahier

Si tu fais de ta vie tout un chemin d’écriture et si tu fais de l’écriture tout un chemin de vie, n’oublie pas de t’accorder des retrouvailles régulières avec ton cahier.

Le matin, n’aborde pas tes mails ou tes sms sans avoir pris ta place sur la page, tout comme le méditant retrouve le sol d’un ashram avant de percevoir les rumeurs du monde. Ce sont ces rendez-vous réguliers avec ta plume qui te maintiendront en équilibre.

Beaucoup d’événements peuvent te faire quitter ton propre centre. Mais quelles que soient les circonstances – la lettre qui mine ta journée, la facture au prix exorbitant, la soupe qui a brûlé au fond de la casserole -, n’oublie pas que tu es sur cette terre pour accomplir ton œuvre.

Si j’ai décommandé une séance d’écriture à cause de certains impératifs, je me dis :

– Géraldine ! Tu as dit que tu continuais ton roman le vendredi. Tu n’as pas pu, ce vendredi ! S’il te plaît, par fidélité envers tes engagements, rattrape ta séance aujourd’hui !

Même – et surtout – si les autres t’accaparent lourdement et tentent de te faire sortir de tes gonds, entre dans ton cahier comme dans un foyer à l’intérieur de ta maison, une chambre au cœur de ta chambre. C’est là que réside Tout ce que tu es. Tu le sauras en y entendant résonner l’écho de ta voix intérieure au rythme de ton souffle.

Quand je pose ma main sur le grain doux et velouté de la page qui m’attend, il me semble que je touche mon visage pour en éprouver le relief – les sourcils, le nez, les pommettes, les contours de la bouche… Et cette expérience toujours renouvelée du contact avec le cahier me ramène à mon adolescence, à l’ivresse du mouvement quand, vêtue de ma robe des beaux jours, je sentais avec un joyeux étonnement le frottement de mes jambes l’un contre l’autre.

En étant l’écrivant, tu es celui qui avance sans perdre le contact avec la route qui se trace en lui.

Le fil de l’encre – qui participe à ce mouvement car il te suit en même temps qu’il te précède – te relie à ton ressenti :

  • Qu’est-ce que cela m’a fait quand elle m’a dit ça ?
  • Quel souvenir cette situation réveille en moi ?
  • De quoi ai-je vraiment envie ?
  • Comment me délivrer de ce carcan ? En déplaçant légèrement mon focus sur le positif…
  • Si j’obéissais à mes plus profonds désirs, qu’est-ce qui m’arriverait ?

La ligne d’écriture va très loin parce qu’elle te ramène à toi-même.

En pratiquant régulièrement l’écriture – bien que maintes conjonctures tentent souvent de m’en détourner -, je fais l’apprentissage de la vérité : non celle des autres, floue, approximative, et encore moins une vérité dite objective, extérieure à mon être, mais ma vérité, intérieure, certaine car elle constitue le fil directeur de ma vie.

Ainsi, je découvre une chose essentielle : ma vérité n’a pas besoin d’être complexe… Plus elle est simple, plus elle m’appartient – unique, fine, directe et singulière comme ma feuille du jour.

Comme moi, tu es fait de toutes ces feuilles qui dansent en même temps qu’elles t’enracinent dans la conscience de ton existence.

C’est toi, cette ligne, cette lignée, ce chemin qui progressent vers toujours plus de lumière.

Écris sur cela, dès aujourd’hui,
et continue demain.

Géraldine Andrée

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Choisis ton nouveau cahier

Le cahier des commencements

Voici venu le temps de tous les commencements !

Et, comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, offre-toi en cette nouvelle année un nouveau cahier.

J’ai déjà expliqué comment la fin d’un cahier est une célébration :

Je vais te montrer aujourd’hui qu’ouvrir un autre cahier est également une fête.

Pour cela, il m’importe de t’aider dans tes critères de choix en jouant avec un peu d’espièglerie sur certaines contradictions, afin que tu puisses adopter en toute conscience le cahier qui te correspond.

  • Tu peux te choisir un beau cahier. Le visualises-tu déjà ? C’est un cahier à la couverture brillante, colorée, satinée. Sa reliure est dorée ou argentée ; son papier est dentelé ou parcheminé. L’avantage ? Il te semblera entrer dans un palais à chaque séance d’écriture. L’inconvénient est que tu n’oseras peut-être pas t’y livrer totalement, par peur de le salir. Par conséquent, tu seras susceptible de t’en sentir indigne : « Ce sublime cahier est-il destiné à accueillir mes plus basses doléances ? Quel dommage ! Quel gâchis ! » Dans ce cas, je te conseille de lui attribuer la haute fonction de cahier de gratitudes – exercice qui consiste à dresser une liste quotidienne de louanges à la Vie. Ainsi, tu ne te tourmenteras plus car tu retranscriras en beauté la récolte merveilleuse que t’adresse l’Univers. Et puis, comme ce serait également un gâchis de ne pas confier tes états d’âme à ton nouveau cahier, tu peux utiliser pour ton journal intime un cahier un peu plus simple, à la couverture d’écolier. Tu te sentiras libre de t’y épancher, d’y verser sans aucune inhibition tes larmes ou ton fiel, d’y écrire alors que ta main tremble d’émotion, d’y raturer autant de fois que tu le juges nécessaire : « Non ! Ce n’est pas ce mot qui me définit précisément… Je voulais te dire que… » Ce cahier relatera ton humanité, riche de toutes tes qualités et de tous tes défauts, de toutes tes ressources et de tous tes manques – signes de ta résilience.
  • Quelles sensations souhaites-tu expérimenter en écrivant ? Tu veux connaître une indicible légèreté ? Voici des feuillets légers comme des ailes d’oiseau ou des feuilles frémissantes à l’aube. Le papier est si fin qu’il miroite, tel le murmure de l’herbe au passage de la brise… Mais si tu éprouves le besoin de t’enraciner, de donner de l’épaisseur à ta voix, de l’existence à ce que tu ne parviens pas encore à nommer, des contours fermes à ton pays intérieur, élis un cahier aux pages épaisses et solides qui ne se déchireront pas au moindre mouvement de la main et de l’âme.
  • Tu souhaites suivre avec confiance la ligne déjà tracée de ta destinée sans t’interroger sur la manière avec laquelle tu avances ? Décide-toi, dans ce cas, pour un cahier au papier ligné. Tu n’auras qu’à te laisser porter par le rythme de ta calligraphie et le flow de tes pensées. Mais je t’entends déjà me rétorquer que tu préfères tracer toi-même la ligne de ton histoire, en toute liberté… Après tout, c’est de ta trace dont il s’agit ! Ce n’est pas rien ! Alors, n’hésite pas à accorder ta confiance à des pages complètement blanches. Et je te promets que tu seras émerveillé par ce paysage de neige, cette terre vierge qui s’étend devant toi – sans marge, sans frontière, sans le moindre pointillé d’une lisière. Enfant, je m’amusais à deviner ce que cachait un paysage enneigé – quel caillou coloré, quelle future pervenche, quelle brindille qui scintille pour le prochain printemps ? Redeviens, toi aussi, cet enfant. Imagine ce qui s’apprête à apparaître dans tout ce blanc : Quelle fleur d’émotion ? Quelle pousse de joie ? Quelle graine de patience ? Quelle empreinte de ce que tu seras bientôt ?
  • Une page, ça se tourne… Veux-tu avoir conscience des caps que tu franchis en l’entendant crépiter ? Veux-tu percevoir à la fois l’élan et le bruit que produit le fait d’emprunter un virage ? Opte pour le cahier à spirale ! Mais tu as le droit de me dire : Non ! Mon rêve est de passer d’une rive à l’autre sans avoir l’impression que je quitte le lit de l’eau. J’arrive de l’autre côté du silence… À peine ai-je senti ce souffle qui me déplaçait… C’est le cahier relié qui te convient ! Il te fera passer de terre en terre sans un adieu.
  • Enfin, l’ultime question : carnet ou cahier ? Le carnet est l’ami de tous les voyages. Il se glisse dans le sac. Il a le poids d’une fleur dont la corolle est capable de s’ouvrir pleinement dans la rame très fréquentée d’un tram ou d’un métro. Il est celui qui t’attend patiemment sur la table d’un bistrot, pendant que tu commandes ton capuccino. Le cahier, lui, plus large, sera l’île sur laquelle tu te reposeras et reprendras toute ta place, quand s’allumera la lampe du soir. Ce sera le cahier de la maison et des retrouvailles avec ton foyer intérieur.

Tu n’arrives pas à te décider ? Essaies-en plusieurs ! Fais de la quête de ton nouveau cahier une promenade que tu raconteras sur la première page. Et quel que soit ton choix, il sera indiscutable !

Pourquoi ?

Parce qu’il est important que tu choisisses le cahier qui réponde à tes vraies envies.
Ensuite, je t’en prie, ne tarde pas !
Écris qui tu es !
Sois ce que tu écris,
en toute authenticité,
car tu es en vie
aujourd’hui !

Géraldine Andrée

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Arrivée sur la rive de ma nouvelle vie

Arrivée sur la rive de ma nouvelle vie, j’ai l’heureuse surprise de retrouver l’anthologie Adolescence en poésie que j’ai déposée par réflexe dans ma valise, entre deux classeurs.

Ce recueil poétique m’a été, lui aussi, un précieux compagnon pendant toutes ces années… Ses poèmes me répondaient et me permettaient de toucher le mystère de la vie, de l’amour, de la mort. Je voulais unir ma voix à celles de Bernadette, Cathie, Nelly, Min-Thu..

Je lisais un poème au hasard alors que ma mère faisait couler l’eau dans la bassine, tinter les assiettes, souffler la cocotte-minute. Tous ces bruits du quotidien en arrière-plan pendant que j’explorais l’univers des silences, des aurores, des planètes au cœur battant… Je m’en souviens encore aujourd’hui.

Et tandis que se tendent les draps de mon nouveau lit, je pars en voyage avec cette amie que je ne connais pas mais qui m’est si familière car nous entrons ensemble dans

« Le goût des vacances au fond de moi

Ce goût de sel

quand

Un rayon d’étoile s’achemine vers moi.« 

Le temps d’une rencontre dans ma chambre d’étudiante avec ces quelques vers, nous sommes, toutes les deux, Caroline l’inconnue et moi

à la fois

le chemin et l’étoile.

Géraldine Andrée

Photo de Valeria Boltneva

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Regarde-toi dans la page

Devant le miroir de la page

La page de ton cahier de chevet à la fin de ta journée est comme un miroir éclairé dans le soir.

Plus tu écris, plus tu avances vers toi-même. D’un mot à l’autre, ta silhouette se précise. Te voilà qui approches ton visage de ton regard.

En confiant tes yeux à ce regard, que vois-tu vraiment ?

Écris-le !

« Je vois combien j’ai ressenti, aimé jusqu’à maintenant, combien toutes ces peines et toutes joies du passé m’appartiennent encore, combien ces pensées me sont miennes.

Je vois tous les pays de ma vie que j’ai traversés pour arriver là où je suis. Je garde bien en mémoire mon enfance, cette chambre profonde qui m’a nourri au lait des rêves pour que je grandisse et que je sois là, à présent, conscient du mouvement de mon sang, promesse du cycle d’un autre sang, celui de l’encre que propulse aussi mon cœur.

Je sais que j’ai éprouvé des sensations et des sentiments communs à bien des individus. Au fond, quelle banalité ! Cependant, je dois avouer que personne ne me ressemble.

Je suis unique, comme n’importe qui est unique en ce monde. »

Telle est la vocation du miroir de la page : te faire répondre à ton appel de reconnaissance. Il n’est rien d’autre qui importe, que ce que tu es. Cela, écris-le aussi. La page te ramènera toujours au regard que tu poses sur ton histoire, à l’histoire de ton regard, à toutes ces évolutions dont tu es à la fois l’auteur, le protagoniste et le spectateur.

En écrivant, tu places ta main sur qui tu es. Certes, tu ne parviens pas à te toucher à travers ce miroir car tu réussis quelque chose de plus vaste encore et qui abolit tes limites : tu te rejoins complètement.

C’est ainsi que tu peux définir le miracle de l’écriture. Tu ignores désormais qui est le reflet de toi-même. Peut-être est-ce le principe de la réalité qui s’inverse : tu n’es devant ta page que l’image que projette ta vérité de l’autre côté, là où tout de toi s’écrit.

Pour cette vérité, écris plus loin encore, c’est-à-dire rapproche-toi au plus près de toi-même à cet instant précis.

Et souviens-toi, comme chaque instant change et te change, tu n’en finiras jamais d’apparaître dans le cadre du papier et donc d’écrire jusqu’à la fin de ta vie.

Géraldine Andrée

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Le pays de la mémoire

Bien sûr que les étés ne durent pas…
Déjà, il faut raccompagner l’ami dans l’ombre du soir et la lampe du chemin éclaire les derniers pas.
Bien sûr qu’il faut quitter le murmure de la fontaine lorsque les fleurs se penchent.
Et le vent d’octobre frappe la joue sur laquelle la rose d’un baiser s’était déposée quand le temps se balançait d’une enfance à l’autre.
Bien sûr que les pétales s’unissent à la terre du jardin et que les pêches dans les mains s’étoilent de taches brunes.
Bien sûr que la chambre d’amour referme sa porte, bateau voguant sur l’immense silence jusqu’à une saison bien trop lointaine.
Et le collier de perles blanches qui a embelli les fiançailles se range dans un tiroir promis à l’oubli.
Bien sûr qu’il faut dire Adieu à la chatte sauvage, lui chuchoter dans une ultime caresse À l’année prochaine sans que l’âme en soit certaine.
Bien sûr que rien ne dure et que la lueur d’une virgule ne peut guère prolonger l’histoire que d’un instant supplémentaire, juste avant que ne s’interrompe le souffle.

Pendant longtemps, je me suis demandé où s’envolaient toutes nos expériences de vie, d’amour, de beauté et de mort.
J’aime songer qu’il existe un pays où se promènent toutes les essences de nos expériences, tels les esprits des défunts, et que nous revivrons ces sensations de l’autre côté, après notre passage Ici.
Mais il est un pays plus proche, plus présent Maintenant,
celui de notre mémoire,
où l’abricotier, les asters, les menthes, l’herbe du matin, le pain chaud, les cheveux de Marie, la mésange qui picore une miette de gâteau, le verre de grenadine, le chapeau de paille, la merveille de la fenêtre ouverte nous retrouvent, aussi vivants que si l’ancien été nous attendait.
Et – le sais-tu ? – il existe un cahier blanc que je t’ai offert pour témoigner de toute cette vie qui dure dans son absolue lumière
parce qu’une seule phrase
la prolonge
aujourd’hui encore
jusqu’au sourire.

Géraldine Andrée

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Là où l’écriture t’emmène

L’écriture vogue

Quand tu t’assois devant ton cahier, tu ne sais jamais où l’écriture peut te mener. Celle-ci possède son propre sens qui est à la fois la signification et la direction.

Tu peux avoir pour projet d’écrire sur ton projet d’avenir et te retrouver à évoquer, par exemple, le chaton tigré de ton enfance ou le bouquet de lys frais que tu rapportais de ta promenade dans le jardin d’autrefois, aujourd’hui disparu.

L’écriture est alors une barque qui, sans les rames, suit la volonté du courant ou un oiseau qui se repose, ailes ouvertes, pendant quelques instants, en s’abandonnant avec foi aux desseins du vent.

Comme je l’ai déjà expliqué dans mon billet Suivre le flow de l’écriture, écrire consiste avant tout à se fier au flux mystérieux qui traverse l’écrivain. Je suis certaine que ce n’est pas nous qui tenons la plume mais que c’est la plume qui nous porte vers un ailleurs que l’on découvre ici et maintenant.

Ce que l’on décide d’écrire se métamorphose en visions inattendues, en réminiscences fulgurantes, en souvenirs soudains. Et l’on se surprend à s’exclamer :

-Tiens ! Je ne savais pas que tout cela était caché en moi !

Les secrets se révèlent. Le refoulé se dévoile. L’obscurité du cœur s’éclaire et les nœuds de la psyché se dénouent.

Si tu ne crains pas de te laisser guider par ta plume, l’occasion te sera offerte d’aller à la rencontre de vieux trésors intérieurs apparemment oubliés, de coffres qui n’attendaient que toi pour s’ouvrir et te montrer leurs bijoux étincelants – tous ces jours de ta vie qui font que tu es l’auteur, c’est-à-dire le navigateur confiant de ton existence.

Qui sait vers quelles embouchures tu peux glisser, quels affluents tu peux suivre – et ce, jusqu’à quel océan ? Quel infini ?

Renonce à tes velléités quand tu pars à l’aventure sur la page car ta plume sait parfaitement ce qu’elle fait. Elle a ton étoile de naissance pour boussole.

Relis tes anciens cahiers. Souligne avec une couleur le thème des premières lignes. Puis, avec une autre couleur, entoure toutes les digressions, c’est-à-dire tout ce qui s’écarte de ton thème initial. Enfin, avec une troisième couleur encadre les autres sujets qui affleurent la page et se précisent au fil de ton encre :

« J’aimais tellement Bobby quand il jouait avec les herbes ! Son ventre blanc qu’il me montrait au soleil du printemps me manque. »

Vois quels sont les mots qui ont réactivé le chagrin de cette perte ancienne et que tu as employés pour décrire apparemment ta situation actuelle : « Ce silence quand je rentre chez moi », « le fauteuil dans lequel je me love pour attendre Christophe »…

Ces mots seront autant de falots qui éclaireront ton itinéraire jusqu’à cette nouvelle destination que tu ne songeais pas à prendre.

Dans un autre carnet, dresse au cours de tes relectures la liste des sujets que tu ne croyais pas aborder mais sur lesquels ta plume t’a fait accoster. Ces terres t’appartiennent. Il t’est possible de les habiter à nouveau.

L’écriture n’en finit pas de nous mener vers l’écriture – comme une vague se renouvelle grâce à l’élan de son propre mouvement – car la vie est ainsi faite. Elle s’écrit en nous et notre destin consiste peut-être à en restituer uniquement la beauté de la trace.

Géraldine Andrée Muller

Écrivain privé-biographe familiale-psychobiographe