Si j’attends que la vie m’apporte l’inspiration, je n’écrirai jamais.
Alors, j’écris pour que la vie m’inspire,
comme si je semais des graines
pour que les oiseaux viennent.
Géraldine Andrée

Si j’attends que la vie m’apporte l’inspiration, je n’écrirai jamais.
Alors, j’écris pour que la vie m’inspire,
comme si je semais des graines
pour que les oiseaux viennent.
Géraldine Andrée


Je suis la main de votre enfant intérieur qui vous guidera dans l’écriture de votre vie.
Écrivain privé-biographe familiale-psychobiographe-psychogénéalogiste
Chaque page est à recommencer le lendemain.
Qu’importent l’intensité, l’importance, voire l’excellence de l’écriture du jour précédent.
Si l’on ne continue pas le travail le jour suivant, ce que l’on a fait la veille ne compte pas.
L’écriture est une épreuve, dans les deux sens du terme, c’est-à-dire la version d’un livre qui permet de mesurer le degré de son achèvement, l’étape de sa formation, la potentialité de sa mise au monde et le test à passer avec toutes les difficultés qu’il comporte.
Et l’on se méprend sur ce test. On croit à tort qu’il faut écrire bien, de manière parfaite, chaque jour.
Non. Le test consiste à accepter d’avoir tout à faire aujourd’hui et d’écrire, simplement écrire – marquer la page, s’ancrer /s’encrer dans l’instant présent, c’est tout.
Accepter que l’on n’a jamais fini, chaque jour de sa vie, que tout reste à vivre et à écrire, encore et encore…
Géraldine Andrée


Toute petite, je priais Dieu, le soir, couchée dans le noir. Je Lui demandais de changer la réalité. Mais lorsque je me réveillais, ma famille n’était pas plus gentille et les professeurs m’avaient toujours à l’œil.
Pourtant, sans que je m’en aperçoive, une autre réalité – la mienne -, s’est créée sur cette réalité. J’empruntais des livres de la Bibliothèque Verte dans la salle de lecture blafarde de la bibliothèque de ma ville. Et mes héroïnes préférées m’ont accompagnée chaque jour dans ce que j’avais à vivre. Elle partaient avec moi à l’école. Elles me racontaient leur vie pendant la récréation, tandis que j’étais assise sur l’une des marches glacées de l’escalier de pierre, en plein hiver. Alice Roy, en particulier, était ma plus grande amie. Et lorsque je voulais fuir la triste salle de classe toute grise, Oui-Oui, le petit pantin de bois me disait en cachette, installé sur mes genoux : En voiture ! Pour la grande aventure !
Pendant que ma mère se plaignait que sa maison était toute sale, je dansais avec les branches du platane au rythme du vent, devant la fenêtre de ma chambre. Et puis, j’avais ma marionnette, Cathie, qui mettait en scène par la seule entremise de ma main les disputes de famille en y apportant un humour touchant qui me faisait pleurer et rire aux éclats à la fois.
Quand j’ai grandi, j’ai voulu partir. Mais il n’y avait pas grand chose dans ma valise. C’est alors que la Poésie m’a dit : Viens ! Je t’emmène ! Ensemble, nous avons pris le chemin bordé de pins sylvestres jusqu’au chant d’une fontaine enchantée, cachée au cœur d’une forêt d’un autre temps. J’avais suivi la voix d’un poète, dit mineur, qui voyait immensément clair en mon âme.
Certes, la réalité n’avait pas changé mais mon regard sur cette réalité avait bel et bien changé. Si le monde extérieur existait toujours, je possédais, moi, un univers intérieur bien plus grand que ce monde qui, après tout, ne faisait sa révolution qu’autour de lui-même. Et les deux réalités se côtoyaient désormais, sans se heurter.
Et vous, comment vous créez-vous votre réalité quand l’autre est difficile à vivre ?
Vous saurez tout dans cet article !
Je me souviens du flamboiement de la forêt à la fenêtre de la maison disparue
Je me souviens de la gorgée de miel sur mon angine
Je me souviens des brûlures d’ortie que je frôlais quand je marchais dans les herbes folles
Je me souviens du bouquet de la mer qui s’ouvrait par surprise entre deux terres après de longues heures de route
Je me souviens de mon adieu au cèdre du Liban du haut de mes sept ans
Je me souviens de l’odeur d’imprimerie des catalogues de jouets dont je passais commande au Père Noël
Je me souviens des indigestions de brioche
Je me souviens des bâtons de réglisse que je suçais pendant ma varicelle
Je me souviens de la croûte que j’enlevais avec délectation de mes blessures
Je me souviens de ma longue conversation avec le noisetier j’en ai retenu le murmure des feuilles et le grand vague du vent
Je me souviens de la bulle de chewing-gum rose qui a éclaté dans mes cheveux et l’institutrice m’a fait faire le tour des classes ainsi coiffée
Je me souviens de ma rencontre avec l’abeille dans une corolle de rose
Je me souviens de l’odeur de tabac dans le salon de mon grand-père
Je me souviens du minuscule service à thé argenté pour petite fille
Je me souviens de la panthère du tapis persan qui voulait me dévorer de toutes ses dents quand je marchais sur elle
Je me souviens des sauces caramélisées de ma grand-mère
Je me souviens des pleurs et de la morve ravalés sur l’insoluble problème de géométrie
Je me souviens de mon cartable trop lourd dont la lanière me sciait les épaules
Je me souviens d’un pays du Sud qui m’est revenu dans la triste salle d’étude alors que je n’y étais jamais allée
Je me souviens de mon cahier ouvert après avoir marché longtemps dans la neige bleue
Et j’ai compris bien après l’enfance qu’écrire c’est marcher dans la neige tous les jours même lorsque la lumière de l’été accroche sa dentelle dorée aux volets vénitiens
Je me souviens de mes seins qui me faisaient mal quand j’enfourchais mon vélo C’était fini J’avais grandi
Et vous, quels sont vos souvenirs d’enfance ?
Géraldine Andrée
Écrire ma liste de Choses qui valent la peine d’être en vie au soleil, par un après-midi comme celui-ci
Boire une tasse de Yoggi Tea au chocolat et lire la petite maxime sur l’étiquette. Aujourd’hui c’est Alone, All one
Lire La Papeterie Tsubaki d’Ogawa Ito et faire de chaque page une saison au pays de l’âme
Prendre un bain à côté d’une flamme de bougie et d’un bâton d’encens qui dessine sa phrase jusqu’à la fenêtre
Écouter un morceau de musique celtique
Relire mon poème abouti
Continuer à mettre à jour mon journal à l’infini tant que je vis
Ajouter quelques feuillets mobiles à un cahier terminé parce que la rivière de l’écriture poursuit sa course toujours plus loin
Entrer dans la mer à midi quand le soleil saute sur la vague
Retourner à Majorque pour retrouver le sentier des menthes derrière l’hôtel et à Damas pour réentendre le chant de la fontaine dans sa vasque, sous les lampes de la mosquée
Aller de mon roman à un rendez-vous avec l’amant, du papier à la peau, puis revenir à mon roman car c’est toujours le papier qui m’attend
Me répéter à l’aube devant le miroir : « Écris parce que chaque instant a besoin de ton témoignage pour donner un peu plus de vie à la Vie. »
Géraldine Andrée
Ma collaboration au magazine Les Mots Positifs