Pourquoi suis-je devenue biographe ?

Toute petite, j’adorais me raconter des histoires. J’allais au fond du jardin et je me demandais comment le regard des corolles du gardénia percevait le monde. J’imaginais les conversations entre les feuilles et le vent, ravie de surprendre leurs confidences. Je transcrivais sous forme d’états d’âme le murmure miroitant de l’herbe.

En grandissant, j’ai porté un fort intérêt aux objets : par quelles aventures étaient-ils arrivés dans la maison ? Quelle main les avait donc touchés, transportés, vendus achetés, aimés ? J’écrivis pendant mes grandes vacances, derrière les volets fermés au cœur de la lumière ardente de l’été, le récit palpitant d’un nain de jardin, d’un plat en faïence, d’un fauteuil, d’une machine à écrire…

Puis les êtres humains ont éveillé toute ma curiosité. Je me souviens d’avoir été profondément émue quand, à l’âge de quatorze ans, j’ai lu le journal intime tenu par ma grand-mère. Je devenais la barque voguant sur les méandres de ses secrets amoureux et j’ai voulu, moi aussi, tenir un journal à la manière de ma grand-mère. Je m’aperçois aujourd’hui qu’elle a été ma grande inspiratrice et qu’un style commun nous réunit par-delà la mort et la vie.

Autre signe du destin : ma mère m’offrit un album rouge réunissant les photos de mes lointains ancêtres. Là, un paysan adossé contre un mur blanchi par le soleil à côté d’une fourche ; ici, sa femme souriant sous son fichu enroulé autour de ses cheveux ; là encore, une arrière-grand-mère assise en tant que jeune fille parmi les herbes hautes. Comme son décolleté était ouvert pour l’époque ! À quoi pensait-elle, les yeux mi-clos, éblouie par le flash de l’appareil photo ?

Vers la fin de mon adolescence, les tourments de l’amour m’ont menée à la psychologie. Je soupçonnais que l’être humain cachait en lui beaucoup d’énigmes et que les émotions liées à des tabous, des non-dits transgénérationnels le hantaient. Il devait bien y avoir un moyen d’exorciser ces malédictions généalogiques. C’est ainsi que l’écriture m’a révélé comment elle possédait l’extraordinaire pouvoir de dire l’indicible. J’ai moi-même mis en pratique la biographie thérapeutique à mon propre profit. En déroulant sur ma page l’écheveau de ma vie, j’ai défait l’inextricable, les nœuds d’un silence que je n’avais pas choisi et j’ai constaté que mon quotidien s’améliorait nettement, que mon psychisme s’allégeait.

Parallèlement à cela, je remplissais ma mission de transmission des connaissances universelles par mon métier de professeur de français. Mais je pressentais que l’universel était vécu de manière très intime par chaque individu et que le réel se déclinait en autant de facettes subjectives. Et c’est cette fascination pour la correspondance entre l’universel et le personnel – la grande histoire sociétale et l’histoire discrète, humblement vécue dans l’âme de ceux qui n’avaient pas les mots pour la raconter – qui m’a menée à exercer le métier d’écrivain privé-biographe familiale et écritothérapeute.

On dit d’un biographe qu’il est un porte-parole.
Moi, avec ma plume, je donne à votre voix son envol.

Géraldine Andrée

Votre écrivaine privée-biographe familiale et écritothérapeute en Lorraine, en France et ailleurs, en présentiel ou à distanciel