Bienvenue sur mon site d'écrivain biographe, de biographe familiale, d'écrivain privé, de coach littéraire et d'écritothérapeute en Lorraine, en France et ailleurs ! Vois comme elle est belle, mon ami, la Vie ainsi écrite !
Lorsque vous avez le projet d’écrire votre biographie, une petite voix – la vôtre ou celle d’un proche – vous susurre :
-Est-ce que c’est assez intéressant, ce qui est arrivé, pour que cela soit écrit ?
Il n’y a pas de hiérarchie dans les écritures de vie. Tout comme chaque vie est digne d’être vécue, chaque vie est digne d’être écrite. Dans le film Quelques Heures de printemps, la mère d’Alain Evrard est prête à mourir. On lui pose la question :
-Avez-vous eu une belle vie ?
Et elle répond :
-C’est ma vie !
Je connais un homme qui répertorie sur chaque page et dans chaque case de son agenda ce qu’il fait, jour après jour. Il y inscrit les actions les plus anodines au rythme des instants, comme :
Remplir la gamelle du chat Rempoter les fleurs Changer de lessive Fumer un cigare Ramasser un papillon mort dans la rainure de la fenêtre Redonner sa liberté à une coccinelle qui se balade sur ma plante d’intérieur Acheter TV Magazine 20 heures ; revoir pour la treizième fois Un Tramway nommé Désir
Ces actions semblent si banales que certains les relègueraient au stade du « non événement » ou de la trivialité.
Pourtant, j’imagine quelle découverte ce sera pour les petits-enfants de cet homme qui note tout de feuilleter plus tard ces nombreux agendas, de poser un doigt sur la case du 15 avril 2018 et de se dire :
-Tiens ! Ce jour-là, Pépé a assisté à la floraison de l’hibiscus ! Il a acheté de l’eau en bouteille car il en avait assez de l’eau du robinet. Il a prévu de s’acheter de nouvelles chaussures !
Autant de gestes, autant de projets immédiats, autant d’humbles émerveillements sauvés du silence.
Et puis, est-ce un « non événement » que d’écrire, par exemple, sur la mort d’une mouche dont on a été témoin dans la lumière du soleil, comme le fut Marguerite Duras ? 1
Anne Frank et Etty Hillesum ne se sont pas demandé si elles écrivaient quelque chose d’intéressant pendant la sombre période de l’Holocauste. Elles ont pris la plume pour sonder leur coeur en temps de guerre, se confier, se retrouver dans la calme et blanche unité d’un cahier, alors que l’angoisse des persécutions menaçait d’éparpiller à chaque seconde leur identité profonde. Elles n’ont pas rédigé un journal pour être publiées ou documenter une époque, mais pour s’appartenir enfin, bien qu’autrui se soit acharné à spolier leur existence.
La jeune fille Etty note un mercredi 10 juin 1942 au matin :
Cette heure qui précède le petit déjeuner est en quelque sorte l’antichambre de ma journée. Tout est si calme autour de moi, même si la radio marche chez les voisins et si, derrière moi, Han ronfle, Han ronfle – encore que pianissimo. Nulle précipitation autour de moi.
Il ne viendrait à personne l’idée de pointer la banalité de ce passage. Pourquoi ? Car il n’est en rien banal. Il s’agit d’une tentative psychologique – avant que d’être littéraire – de maintenir par la tenue régulière du journal le tendre et secret équilibre des heures, au coeur-même d’Une Vie bouleversée 2.
Dans chaque récit de vie confié au biographe, il y a une vie bouleversée. Et ce qui semble insignifiant pour certains peut être chargé de sens, révélateur, voire traumatisant pour d’autres. Bon nombre d’enfants ont avoué, adultes devenus, que leur enfance avait été transformée par la mort de leur chien. La destinée d’Elisabeth Kübler-Ross – la célèbre psychiatre qui a complètement changé notre conception de la mort – a, elle, été fortement influencée par la mort de son lapin.
Il n’est pas d’événements moins pertinents que d’autres à relater. Le moindre détail contient toute sa charge sensorielle, émotionnelle, affective dans une vie. Il n’y a qu’à, pour s’en convaincre, songer à cette petite madeleine proustienne trempée dans un peu de thé qui a permis au jeune Marcel de déployer la fresque immense dusouvenir.
On n’écrit pas une autobiographie pour flatter son ego. Cela peut, certes, être le cas mais généralement, on écrit son autobiographie pour sentir enfin que la vie – la nôtre – nous retrouve, nous rejoint dans les mots ; pour se dire une fois le livre achevé :
-C’est moi ! C’est ainsi que j’ai vécu ! Tous ces instants ne m’ont pas échappé, même si j’ai souvent cru le contraire…
En effet, personne ne vit à votre place, n’éprouve, ne ressent à votre place. Personne ne possède la propre force de votre mémoire…
Aussi, confiez sans hésitation votre récit de vie à un biographe, si tel est votre souhait, car lui ne vous dira jamais :
-C’est intéressant
ou
-Cela ne l’est pas !
Le biographe vous ramènera, avec sa plume, à votre vie vivante, vibrante, perçue dans tout le passé qu’elle contient sous le prisme d’un jour nouveau.
Et vous trouverez cette expérience d’écriture très intéressante à vivre…
Géraldine Andrée
1 Marguerite Duras, Écrire, Gallimard, 1993
J’y ai déjà fait référence mais je m’y réfère encore, tant je trouve cette réflexion sur l’écriture inépuisable et probante…
2 Etty Hillesum, Une Vie bouleversée suivi de Lettres de Westerbork, JOURNAL
Je la cite souvent sur ce blog. Je la citerai encore dans l’avenir car son journal est d’un précieux enseignement en la période si singulière que nous traversons.
Tenir un agenda en y notant tout ce que l’on vit au jour le jour peut constituer le point de départ d’une autobiographie.
Toute petite déjà, j’imaginais ainsi la fin de mon livre de vie : je plaçais en dernière page l’image d’un bouquet de fleurs. Tout se terminait bien. L’oeuvre de ma vie était accomplie.
Maintenant que j’ai bien grandi, je me demande à quoi le destin dédie mon ultime goutte d’encre,
quel mot fleurira dans la saison toujours bleue du silence :
j’aimerais que ce soit le mot Lumière là, tout au bout de la ligne, que, les yeux clos,
je vois ; un seul mot qui signe des milliers de pages ; un mot unique
qui confond la trace de lumière de mon passage avec le soleil
de la page que commence quelqu’un d’autre, juste avant que ne se pose
ma plume sur la feuille et que la Lumière en son propre mot qui la désigne
Écrire la biographie d’un proche peut s’avérer délicat. En effet, même si l’on croit bien connaître cette personne, peut-on dire ce qu’elle a éprouvé, ressenti dans l’intimité de son coeur à certaines périodes de sa vie ? On ne perce pas si facilement le secret d’une âme ! C’est pour cette raison que l’on préfère raconter ses actions, ses réalisations, les événements qu’elle a vécus… On ne peut que rester « à la surface » de cette existence.
Et pourtant, il est possible d’écrire autrement la biographie de ce proche. Avant la séance de la rencontre avec le biographe, vous pouvez vous préparer un petit carnet et noter les préférences de cet être qui vous semble si familier. Qu’aime-t-il ? À cette simple question il est souvent bien difficile de répondre ! On est si habitué à sa présence que l’on ne se pose même pas la question.
Cherchez quels sont ses goûts ; cernez davantage ses passions qui ne sont pas forcément des activités mais des attirances, des valeurs, de simples attitudes, À travers ces pistes, vous saurez ce qu’il/elle affectionne.
Quelles sont ses senteurs préférées ? Quelles fleurs rapporte-t-il/elle ? Aime-t-il/elle la nature ou au contraire la ville ? Quelle est sa cuisine de prédilection ? Quelle musique écoute-t-il/elle ? Et ses couleurs ? Avez-vous une idée du couleur qu’il/elle aime ? Quelle est sa saison ? Quels sont les animaux qu’il /elle a adoptés ou aimerait adopter ?
On peut écrire une biographie de sa mère en la faisant courir sous la pluie tiède d’été, en la faisant regarder un ciel étoilé ou un village provençal haut perché. On peut la dépeindre cousant en hiver et caressant son chat. Qu’importent les épreuves qu’elle a vécues ! Vous redonnez naissance sous la plume à une part irréductible d’elle-même, son essence que la vie ne rongera jamais.
Qu’importe si ce proche est décédé ! Retrouver son amour pour les orages, le bois de santal, la terre fraîche, les fleurs de lavande, les jardins japonais, la musique baroque vous restituera son regard, son visage, sa parole.
Et alors, plus qu’une simple biographie, plus qu’un simple récit de vie, vous aurez dessiné les contours de ce proche que vous croyiez connaître et qui, cependant, vous échappait sans que vous en ayez conscience.
Vous aurez réalisé un projet bien plus grand que celui de le faire (re)vivre : celui de le faire Être dans son propre livre.
Géraldine Andrée
Écrire le livre de vie d’un proche, c’est lui permettre d’Être avant tout.
On oppose souvent les livres et la vie. On a tort car la matière des livres est la vie elle-même. La vie de chacun qui pourrait demeurer inconnue, donc impalpable, invisible s’incarne dans les livres.
Quand le livre de votre vie est fini, laissez quelques pages blanches. Quand le livre de votre vie est fini, votre vie, elle, continue. Aussi, gardez prête votre encre future. Vous avez écrit toutes vos peines ? Alors, laissez quelques pages blanches pour vos joies à venir. Vous avez raconté toutes vos joies d’autrefois ? Alors, laissez quelques pages libres pour celles qui s’annoncent à la seconde suivante. Il vous semble que vous êtes parvenu au bout du récit de votre existence, qu’il n’y a plus rien à dire, que vous avez accompli tout votre voyage sur cette terre ? Laissez quelques pages blanches pour que quelqu’un y prolonge votre trace. Et qui sait ? Peut-être la reconnaîtrez-vous et la suivrez-vous avec confiance à votre prochaine naissance… Combien de pages blanches, me direz-vous, faut-il laisser en héritage à vos myriades de mots ? Autant que vous voulez ! Et pourquoi pas, un autre cahier sur lequel vous inscrirez votre nom en guise de signature de l’aurore qui se cache encore avant d’apparaître… Le livre de votre vie s’achève mais gardez ouverte la fenêtre sur le chemin… Laissez quelques pages blanches pour les présents de Demain.
Géraldine Andrée
Laissez quelques pages blanches pour un autre matin.
Je veux célébrer le grand cahier de la vie. A chaque âge un chapitre. Aussitôt que la page d’un instant se tourne, une autre s’ajoute. Peu importe que l’on soit héroïque. On y laisse son histoire. Et lorsque l’on quitte le cahier, il importe de garder une dernière page blanche pour qu’une autre vie commence.