Mon rêve
de vacances :
écrire
pendant
que la mer
avance ;
qu’au mot
ultime,
elle caresse
ma page
et y laisse
un peu de sel,
preuve
qu’elle signe
à ma place…
Géraldine
Mon rêve
de vacances :
écrire
pendant
que la mer
avance ;
qu’au mot
ultime,
elle caresse
ma page
et y laisse
un peu de sel,
preuve
qu’elle signe
à ma place…
Géraldine
J’écris pour retrouver
en chaque mot
ce pétale d’or
que la lumière
dépose
sur le coeur
des choses,
là-bas…
Géraldine Andrée
J’écris parce que la Vie
est une histoire en Soi.
Géraldine Andrée
L’écriture est là, même quand je m’en éloigne.
L’écriture m’est fidèle, même quand les obligations, les contraintes, les vicissitudes m’exilent de la page.
L’écriture irrigue mes silences, aussi sûre que le murmure de mon sang sous ma peau.
Elle obéit à son propre courant dont la loi est de couler vers moi, embouchure devenue depuis ma naissance.
Et lorsque le calme revient, que j’entre enfin déchaussée dans ma chambre douce,
je m’en retourne à mes cahiers comme à une source.
Géraldine Andrée
Ce message
dans le rêve de ma sieste :
une voix bien claire
derrière l’ombre des persiennes
qui annonçait
dans la chambre de mon coeur :
ton père est absent de cette terre
mais il est présent sous une autre forme.
Appelle-le :
il viendra à toi,
aussi léger
qu’une lettre
qu’un souffle a dépliée
pendant que tu dormais.
Géraldine Andrée
Être face à son rêve,
les yeux ouverts ;
contempler l’éclat
de cette rencontre
puis suivre
partout dans le monde
sa trace flamboyante
pour garder
en mémoire
sa fulgurance.
Faire de son rêve
un chemin à vivre.
Géraldine Andrée
Revenir à ce journal,
c’est comme revenir à la source après une longue période de soif,
c’est me remettre à l’écoute de mon écriture au murmure de sang,
c’est me laisser porter par le courant de l’encre,
c’est ranimer la lumière du présent dans mes mots qui sèchent,
c’est me rendre à l’évidence :
l’éclat de mes larmes et de mes rires
a pour soeurs ces étoiles
qu’une nuit d’été
dévoile.
Géraldine Andrée
Je veux,
au jour ultime,
compter
dans mes cahiers
intimes
tous les jours
où j’ai écrit
à l’aurore,
signe
que ma vie
fut bien
remplie…
Géraldine Andrée
Demain, je ne t’écrirai pas.
Je ne te téléphonerai pas.
Je ne t’enverrai pas de carte musicale par CyberCartes sur ta ligne Wanadoo.
Rien de tout cela.
Je me souviens, il y a de cela neuf mois, le temps d’une grossesse pour ma mémoire…
J’entends encore le bruit de tes pas près des miens sur le trottoir, au coeur chaud de l’été.
Saisie par une sorte de prémonition, j’avais voulu avancer ton rendez-vous chez le cardiologue.
Tu m’as accompagnée. Le trajet à pied était assez conséquent. Tu marchais comme un jeune homme. Pas de fatigue ni d’essoufflement.
Je te demandais :
– T’es fatigué ?
Tu me répondais :
– Non ! Je pourrais marcher encore des kilomètres !
On s’est ensuite promenés dans le jardin Wilson. Je t’ai proposé une petite promenade sur les bords de la Moselle.
Mais le vent s’est levé. Il me semblait qu’il se faisait tard. J’avais peur que tu prennes un chaud et froid sur la poitrine. La météo avait d’ailleurs annoncé un orage.
Alors, nous sommes rentrés.
Tu m’as dit néanmoins :
« Pour la promenade au bord de la Moselle, cela aurait été possible. »
Tu pouvais poursuivre le chemin, prolonger la marche…
Pourtant, à peine une semaine plus tard,
je trouvai un papillon à l’angle de la fenêtre de ta chambre
dont les ailes, bordées chacune de deux iris bleus, me regardèrent longtemps avant de s’ouvrir pour l’envol.
Rien n’annonçait ton départ et pourtant, tout était prédit.
Un infarctus foudroyant t’a emporté une nuit de novembre.
Je n’ai jamais aimé l’automne.
Demain, ni carte, ni appel au téléphone.
Mais comme j’ai pris conscience depuis ta disparition que chaque jour est aujourd’hui,
je t’écris aujourd’hui.
Géraldine Andrée
Elle me dit :
« Je garde dans le tiroir de ma table de nuit
mon billet d’avion
aux bords jaunis.
C’était un bel Américain.
Nous nous aimions.
Nous nous sommes épousés dans la cour de la Caserne.
Un prêtre nous a bénis.
Puis, mon époux a dû repartir
puisqu’il avait fini sa mission
de Libération.
Il était convenu
que je le rejoindrais
au début de l’an mille neuf cent quarante-six.
J’avais acheté mon billet d’avion.
Le temps jusqu’à nos retrouvailles me semblait si long…
Chaque soir, sous la lampe, je contemplais la destination.
Mais ma famille avait de plus en plus besoin de moi
pour les semailles,
et les fenaisons,
et les récoltes…
Que je sois amoureuse ? Peu importe !
Je ne pouvais les abandonner
alors que tant de tâches s’accumulaient.
Il a fallu ensuite que je m’occupe de ma soeur,
handicapée par les séquelles de la rougeole.
Alors, lentement, j’ai abandonné le rêve de mon coeur.
J’ai remis le billet d’avion à la nuit.
Je me suis dévouée jusqu’à oublier que j’avais aimé.
Je n’ai plus reçu de nouvelles de mon mari.
Mon doigt s’est séparé de son alliance.
Je me suis résignée aux travaux quotidiens et au silence.
Aujourd’hui, c’est ma famille qui m’oublie
tandis que mon rêve vient se rappeler à ma mémoire.
Certains soirs,
je sors le billet d’avion de la nuit
qui hante le tiroir de ma table de chevet
et j’approche la lampe
des caractères pâlis
que je caresse
comme si j’avais accroché
des ailes à mes doigts :
Paris-Los
Angeles. »
Géraldine Andrée