Publié dans C'est ma vie !

Toute petite je

Tout petite j’inventais des histoires derrière les arbres
Bien cachée par les ombres bleues des feuillages je ne répondais pas quand on m’appelait
J’étais seule et présente pour le minuscule
la lueur de l’insecte le brin d’herbe la goutte de résine le fin caillou l’étoile de la mousse
et au sujet desquels je créais un vaste plan de vie une épopée immense un Roman qui traversait le ciel avec le gouvernail de sa majuscule

Toute petite je faisais de mes rêves une destinée
où même la brindille avait un rôle d’héroïne
et c’était là que le meilleur avenir du monde se réalisait en secret
près de la corde à linge
derrière les arbres le dimanche
Le devoir de mathématiques qui m’attendait le lendemain
et pour lequel j’étais certaine d’échouer ne m’importait pas
Devant cette genèse la mauvaise note promise me semblait dérisoire

Âge béni que celui de la poésie plus puissante que le devoir
et qui te délivre par sa volonté des attentes des autres
Âge béni que celui de ces histoires
que je me racontais silencieusement derrière les arbres
jusqu’à ce que les ombres
prissent la couleur
de l’encre noire

Géraldine Andrée

Publié dans C'est ma vie !, Je pour Tous

Pourquoi j’écris ?

J’écris

pour retrouver

l’éternelle enfance

du ciel.

Il m’arrive

souvent

de me reposer

sur un mot

comme

sur une balançoire

dans la lumière

du soir.

Je me laisse

bercer

par ce souffle

que je rejoins

toujours plus haut,

toujours plus loin…

Et plus je m’élance,

avec confiance,

plus je m’élève

dans mon rêve.

J’écris

pour vous montrer

aujourd’hui

le ciel

de l’enfance

éternelle.

Géraldine Andrée Muller

Publié dans Berthe mon amie

Un cas concret d’écriture biographique : la forme achevée des souvenirs

Je soumets à Berthe, lors de la séance suivante, ces deux témoignages qu’elle valide car elle sent que sa voix est restituée. Il est désormais temps pour nous de définir clairement le projet qui doit appartenir, selon son souhait, au genre du « récit de vie ».

Dans cette optique, je demande à Berthe pour qui elle veut écrire : Berthe m’indique qu’elle veut d’abord écrire pour elle, pour se libérer de ce sentiment d’urgence qui l’habite depuis sa jeunesse, né de la peur d’être – comme elle l’a dit – « arrachée aux moments qui comptent le plus. » Elle ajoute que ce récit de vie s’adresse également à ses proches, surtout ses petites-filles auprès desquelles elle désire témoigner de l’éducation stricte qu’elle a reçue à son époque, éducation qui a façonné tant de jeunes filles dans un modèle, voire un carcan de « savoir vivre » qui empêchait l’épanouissement de l’Être.
« Que mes petites-filles prennent conscience de la chance elles ont d’avoir une éducation libérée aujourd’hui, une éducation qui leur donne la chance d’être à l’écoute de leurs désirs et de se rapprocher au plus près de ce qu’elles veulent faire, de ce qu’elles veulent devenir ! »

Ce récit intime possédera donc une dimension universelle, puisqu’il restitue la voix d’une jeune fille appartenant à l’ancienne génération et s’adressant aux jeunes filles de la nouvelle génération. De même, il illustrera un cahier d’or, « le cahier des jeunes années », substitut du journal intime perdu, que Berthe a préparé « pour laisser une trace de son passage sur cette terre » ; il accompagnera en tant que « légende personnelle » les trois photographies que je rends à ma narratrice.

Ensemble, nous définissons d’autres orientations à donner à l’écriture.

Les deux récits obéissent tout naturellement à une structure chronologique : le texte décrivant l’arrachement à la maison de Beaujour vient en premier ; lui succède le texte évoquant la délivrance du pensionnat du Luxembourg. Cette structure chronologique devient, de ce fait, circulaire, car les futures lectrices que sont les petites-filles de Berthe devineront qu’à cet épisode succédera un nouvel arrachement ; et ainsi de suite ; telle est, en effet, l’alternance qui a dominé la jeunesse de ma narratrice.

Cette structure chronologique conditionne aussi une structure thématique. Les deux textes seront construits sur des réseaux d’antithèses : la nuit qui s’annonce et le gris du pensionnat s’opposent à la lumière du jardin retrouvé ; les cheveux liés contrastent avec les cheveux déliés ; les vieilles galoches sont remplacées par de légères sandales d’été ; les motifs des fruits se gâtant et du brin de senteur se desséchant sont supplantés par le motif des senteurs qui s’exhalent dans l’air… Ces antithèses confrontent les deux univers qui ont marqué la psychologie de Berthe et l’ont intérieurement divisée. La douleur, exprimée sous forme d’images précises, pourra ainsi être mise à distance. L’écriture imagée donnera peut-être le pouvoir à Berthe de se sentir enfin en paix avec elle-même et réconciliée avec son adolescence.

Quel temps dois-je utiliser ? Nous décidons, d’un commun accord, que j’emploierai le présent pour les deux textes : un présent de narration qui aura pour effet d’actualiser le souvenir, de le rendre plus intense, de lui donner un effet d’immédiateté afin que, paradoxalement, il puisse perdre ensuite de son emprise.

Les deux textes seront-ils écrits en langue courante ou soutenue ? Berthe a reçu une éducation littéraire dans les institutions elle a fréquentées ; ses parents étaient lettrés ; son père lisait beaucoup et il était passionné d’œuvres d’art. Pour cette raison, le style sera soutenu, sans être pédant. Berthe demande à ce que les termes employés parlent à son coeur ; en effet, des « paysages – états d’âme » sont évoqués. L’emploi d’une langue poétique, qui ne sera pas ampoulée, conviendrait donc à l’expression d’une telle nostalgie. Mais cette langue exclut l’usage du vers dans lequel Berthe ne se reconnaîtrait pas. Une musicalité délicate – créée par les images, le rythme singulier de certaines phrases, les échos sonores – rapprocherait les textes du poème en prose, genre susceptible de donner à voir les deux univers. Lors de la séance suivante, j’apporte les travaux rédigés.

Je rentre toujours trop tôt au pensionnat.
Bien sûr, j’ai joué longtemps sous les branches et les ombres mauves du jardin annoncent la nuit.
Mais je rentre toujours trop tôt au pensionnat.
Mes bottines blanches du dimanche claquent sur les dalles grises du couloir. Il me faut promptement les enlever et chausser les galoches de la semaine. Quand je roule mes cheveux en chignon, une feuille perdue tombe de l’une de mes mèches et se dépose sur la vieille table de bois. Je range dans la profonde armoire, à mon grand regret, les robes légères promises à l‘oubli. Ma chère colline bleue a quitté mes yeux. La fenêtre de ma chambre s’ouvre sur d’autres fenêtres semblables et sur une cour très commune. Je rapporte souvent de la maison les premières cerises de la saison que je dispose dans une coupe. Hélas ! Elles se gâtent vite ! Les journées d’étude sont si longues que je ne songe pas à les manger… Il est aussi ce brin de senteur que je trempe dans un verre d’eau fraîche pour que son parfum se prolonge de jour en jour. Il se dessèche malgré mes soins. Et un soir, après un devoir, je m’aperçois que sa senteur s’est tarie. Je cherche, suspendu peut-être quelque part, le frêle fil de son parfum : en vain.
Je ne peux rien y faire. Je m’éloigne doucement du souvenir de mon beau dimanche. Et la perspective des vacances suivantes est si lointaine que je me sens, en les espérant, exilée de moi-même.
Je rentre toujours trop tôt au pensionnat.

Mais lorsque j’ai barré tous les jours d’étude du calendrier et que la dernière note de la cloche tinte dans les longs couloirs, je sais que c’en est fini de ma solitude : je rentre à la maison de Beaujour ! Madame Paule m’attend à la grille. Dès que je suis sortie du pensionnat gris, j’ôte mes vieilles galoches ; je chausse mes sandales fines que j’ai à moitié cachées dans mes poches devant Sœur Cécile; je monte dans la voiture blanche.
Pendant le voyage, le soleil fait danser ses rayons sur mon front et je fredonne sans cesse :
« La la la les vacances ! Tous les jours à Beaujour, ce sera dimanche ! »
Quand je pénètre dans ma chambre aux volets clos derrière les feuilles, je respire la bonne odeur de confiture chaude de reines-claudes.
Vite ! Je me débarrasse du poids de ma valise ; je vais à la penderie ; je décroche ma robe à bretelles et à volants fleuris !
Devant l’œil rond du miroir, je dénoue en un seul geste mon chignon et je cache l’épingle de fer noir dans le tiroir de la coiffeuse. Je retrouve comme de vieux amis mes cheveux longs, mes cheveux blonds.
Puis, je dévale l’escalier tout brillant de cire pour embrasser Flore, Alain, Cathou dont les doigts constellés de grains de farine se posent sur mes joues. Le chat se frotte à mes jambes. Je l’accompagne dans le jardin ou c’est lui qui me guide à pas de silence… Les senteurs des plantes s’élèvent, enivrantes, dans l’air. L’herbe, un peu sèche, craque sous mes pieds.
Au fond du jardin, la petite barrière est ouverte. Malgré l’interdiction, je sors en cachette. Comme il bat fort, mon cœur !
Je veux précéder le bonheur…

J’ai présenté ces poèmes en diptyque pour bien marquer l’opposition entre les deux univers. Je me suis surtout attachée à enrichir certaines images poétiques : en effet, Berthe a évoqué « l’emprisonnement » et « la liberté » à notre première rencontre et j’ai noté moi-même, en consultant les photographies qu’elle m’avait confiées, des mots comme « rigueur », « obéissance » opposés à des termes comme « insouciance », « rêverie ». Aucun de ces mots n’est fidèlement repris dans les deux récits de vie ; en revanche, tout un réseau lexical renvoie à chacun des deux thèmes que sont « l’emprisonnement » et « la liberté ». Et pour accentuer la structure à la fois thématique et chronologique, j’ai désiré matérialiser les sentiments, concrétiser les impressions : il en est ainsi du « frêle fil » du parfum dispersé dans la chambre au bout de quelques jours de captivité – motif ajouté par rapport au témoignage retranscrit, de même que « la cour très commune » vue en photo qui s’oppose aux « feuilles » voilant « les volets clos ».
J’ai voulu, en outre, préciser chaque sensation éprouvée par la narratrice : l’odeur de « confiture chaude de reines-claudes » est  « bonne » ; le miroir a un « œil rond » – personnifier le miroir renvoie ainsi la jeune fille à la reconquête de son identité et de sa féminité perdues lors de sa scolarité au pensionnat du Luxembourg. Les échos sonores comme les allitérations de fricatives (« le frêle fil de son parfum ») ou de palatales appuyant sur la voyelle du « o » fermé (« volets clos », « reines-claudes ») renforcent cette dimension sensorielle à laquelle Berthe était si sensible jadis et que le souvenir aiguise.
Quant aux phrases qui reviennent dans les textes ou qui constituent une chute, elles sont mises en valeur à chaque fois par un alinéa : il en est ainsi de la tournure répétitive « Je rentre toujours trop tôt au pensionnat » et de la phrase finale « Je veux précéder le bonheur ». Un parallèle peut donc être fait entre les deux temporalités précoces, le fait que Berthe rentre trop tôt du pensionnat – et donc qu’elle veuille encore s’attarder à la maison de Beaujour – contrastant avec son empressement à vivre à la fin du second texte.

Dix heures m’ont été nécessaires pour effectuer un tel travail : cinq heures ont été consacrées à ma rencontre avec Berthe. Ces heures comprennent l’entretien initial, la transcription des deux témoignages, la soumission des témoignages rédigés, le dessin de l’écrit et enfin la restitution de l’écrit définitif. Les cinq autres heures ont été consacrées à mon travail personnel – l’une fut utilisée pour l’analyse des photographies et de la situation personnelle de Berthe ; les deux autres heures ont été employées à la rédaction des témoignages ; les deux heures finales m’ont permis de rédiger les poèmes. Une telle exploration aura duré trois semaines.
Le 30 mai, Berthe a validé les deux récits de vie. Elle a ensuite acheté son cahier d’or dans lequel elle a mis en page les photographies et les poèmes. Il n’est pas exclu que j’écrive pour elle d’autres récits de vie. Elle m’a dit qu’elle avait retrouvé la même façon de rire que lorsqu’elle était jeune fille ; les mots avaient remplacé la nostalgie par la joie.
Mais à notre grand regret, l’aventure s’arrêtait là, sur cette difficile et néanmoins fabuleuse expérience qu’est le partage de l’indicible entre l’écrivain public et son client.

Telle est la démarche biographique de mon entreprise.

Donner des mots à la Vie !

Donner Vie aux mots !

Tel est mon rêve, depuis l’enfance.

Donc, à bientôt,

à la fenêtre des mots !

Géraldine Andrée Muller

Publié dans Berthe mon amie

Un cas concret d’écriture biographique : la transcription des souvenirs

Le lendemain, à l’heure convenue, entre deux gorgées de thé versé dans la tasse de porcelaine bleue, je transcris le témoignage de Berthe que je restitue ici tel quel, afin de transposer fidèlement le rythme de la phrase, le souffle de ma narratrice :

Je rentrais toujours trop tôt au pensionnat / Bien sûr / j’avais joué assez / et il faisait plus sombre dans le jardin / bientôt c’était la nuit / mais pour moi / il était toujours trop tôt / quand je rentrais au pensionnat.
Mes bottines blanches claquaient dans le couloir / vite / je devais les enlever et mettre les galoches de la semaine / je devais aussi me coiffer avec un chignon et je retrouvais parfois / dans mes cheveux / une feuille qui tombait sur la vieille table / les robes / il fallait aussi les ranger dans l’armoire / par la fenêtre de ma chambre / qui ressemblait à toutes les autres / je ne voyais plus ma colline bleue. Je rapportais souvent de la maison des fruits / les premières cerises / mais elles se gâtaient vite / les journées d’étude étaient trop longues / et j’oubliais de les manger / c’était pareil pour le brin de senteur / que je mettais dans un verre d’eau / pour qu’il sente longtemps / mais il séchait tout de même / et je m’apercevais / un soir/ au retour dans ma chambre / après un devoir / qu’il n’avait plus de parfum.
Je ne pouvais rien y faire / je n’étais plus libre / le dernier dimanche était passé / et les vacances prochaines n’arriveraient pas tout de suite. Plus je les espérais, plus je me sentais loin de chez moi / loin de moi-même.

Voici le témoignage de Berthe tel que je l‘ai ensuite rédigé :

Je rentrais toujours trop tôt au pensionnat. Bien sûr, j’avais joué longtemps et le jardin se faisait sombre. La nuit s’annonçait.
Mais je rentrais toujours trop tôt au pensionnat.
Mes bottines blanches claquaient dans le couloir. Il me fallait vite les enlever et chausser les galoches de la semaine. Je devais aussi me coiffer d’un chignon et de mes cheveux tombait parfois une feuille perdue qui se déposait sur la vieille table. Il fallait, à mon grand regret, ranger les robes dans l’armoire. Par la fenêtre de ma chambre qui ressemblait à toutes les autres fenêtres, je ne voyais plus ma chère colline bleue. Je rapportais souvent de la maison les premières cerises de la saison ; mais elles se gâtaient vite car les journées d’étude étaient si longues que j’oubliais de les manger. Il en était de même pour un brin de senteur que je mettais dans un verre d’eau pour qu’il diffusât son parfum. Il séchait malgré mes soins et je m’apercevais, un soir, alors que j’étais de retour dans ma chambre après un devoir, que sa senteur s’était tarie.
Je ne pouvais rien y faire. Je m’éloignais jour après jour de mon dimanche de liberté et je savais que les vacances suivantes n’arriveraient pas de sitôt. Plus je les espérais, plus je me sentais exilée, à la fois de la maison et de moi.
Je rentrais toujours trop tôt au pensionnat.

Je me suis efforcée, au cours de cette rédaction, d’être fidèle au ressenti de ma narratrice et à l’atmosphère dans laquelle elle vivait alors. Pour cette raison, j’ai respecté l’ordre des apparitions sensorielles. J’ai davantage enchaîné les phrases entre elles pour éviter une juxtaposition abrupte qui briserait, à mon sens, l’unité de l’évocation. Mais, à chaque phase, intervient un nouveau motif dont la symbolique est significative pour la narratrice d’un changement d’univers : les galoches, le chignon, les fenêtres monotones, les premières cerises dont Berthe anticipe le fait qu’elles se gâtent, le brin de senteur promis à la fenaison… La proposition « que sa senteur s’était tarie » est plus littéraire que l’expression initiale « qu’il n’avait plus de parfum » mais le verbe « se tarir » connote assez fidèlement l’assèchement psychologique qu’éprouvait alors la jeune Berthe lorsqu’elle rentrait dans cette chambre. J’ai substitué au terme « loin » (« loin de chez moi », « loin de moi »), l’adjectif « exilée » qui désigne un sentiment d’étrangeté à la fois spatial, temporel et affectif. J’ai également introduit une sorte de musicalité, représentative de ce sentiment répétitif « d’arrachement aux choses », par cette phrase qui prend la forme d’un refrain : « Je rentrais toujours trop tôt au pensionnat. »
Berthe utilise la phrase deux fois en changeant à la deuxième reprise sa tournure syntaxique (« Il était toujours trop tôt quand je rentrais au pensionnat »). Cette reprise est significative, bien sûr, et j’ai trouvé pertinent qu’une telle phrase achevât le témoignage : elle traduit le caractère à la fois répétitif et précoce d’un retour qui accentue la nostalgie d‘alors, éprouvée de manière toujours aussi vive par Berthe en tant que souvenir.

Le témoignage de Berthe se poursuit à la séance suivante. J’en reprends la transcription :

Mais lorsque j’avais barré tous les jours d’étude du calendrier / et que la cloche sonnait / dans les couloirs / je savais que je ne serais plus seule / et que je rentrerais chez moi. Madame Paule m’attendait à la grille. Dès que j’étais sortie du pensionnat / je me déchaussais / finies les vieilles galoches / et je mettais mes sandales que j’avais cachées à demi dans mes poches / devant Sœur Cécile. Je montais dans la voiture blanche / pendant tout le trajet / je sentais le soleil sur mon front / je fredonnais / la la la les vacances / tous les jours à Beaujour ce sera dimanche.
Dès que j’entrais dans ma chambre aux volets fermés / et qui sentait bon / la confiture chaude de reines-claudes / je me débarrassais de ma valise / j’allais à la penderie / je décrochais ma robe à bretelles / et à volants fleuris / devant le miroir / je dénouais vite mon chignon / je cachais ensuite l’épingle dans le tiroir de la coiffeuse / je retrouvais mes cheveux longs et blonds.
Je descendais à toute vitesse l’escalier ciré / pour embrasser Flore / Alain / Cathou qui avait sur ses mains des grains de farine collés / je les sentais sur mes joues / le chat se frottait à mes jambes / j’allais avec lui dans le jardin / l’air était saturé de l’odeur des plantes / j’entendais le bruit de l’herbe sèche sous mes pieds.
La petite barrière était ouverte au fond / je sortais en cachette / même si c’était interdit / mon coeur battait fort / je voulais être en avance pour toutes ces choses joyeuses qui s’annonçaient.

Voici le deuxième témoignage de Berthe tel que je l’ai rédigé ensuite :

Mais lorsque j’avais barré tous les jours d’étude du calendrier et que la cloche tintait dans les couloirs, je savais que je ne serais plus seule et que je rentrerais à la maison de Beaujour. Madame Paule m’attendait à la grille. Dès que j’étais sortie du pensionnat, j’ôtais mes vieilles galoches ; je chaussais mes sandales que j’avais à moitié cachées dans mes poches devant Sœur Cécile ; je montais dans la voiture blanche.
Durant tout le trajet, je sentais le soleil qui promenait ses rayons sur mon front et je fredonnais : « La la la les vacances ! Tous les jours à Beaujour, ce sera dimanche ! »
Quand je pénétrais dans ma chambre aux volets fermés, je respirais l’odeur de la confiture chaude de reines-claudes.
Vite ! Je me débarrassais du poids de ma valise ; j’allais à la penderie ; je décrochais ma robe à bretelles et à volants fleuris.
Devant le miroir, je dénouais en un seul geste mon chignon et je cachais l’épingle dans le tiroir de la coiffeuse. Je retrouvais mes cheveux longs, mes cheveux blonds.
Puis, je dévalais l’escalier ciré pour embrasser Flore, Alain, Cathou dont les doigts constellés de grains de farine se posaient sur mes joues. Le chat se frottait à mes jambes. Je l’accompagnais dans le jardin. Les senteurs des plantes saturaient l’air. L’herbe, un peu sèche, craquait sous mes pieds.
Au fond du jardin, la petite barrière était ouverte. Malgré l’interdiction, je sortais en cachette. J’entendais battre mon cœur. Je voulais précéder le bonheur.

Encore une fois, je n’ai pas changé dans ce témoignage l’ordre des différentes évocations qui traduit bien pour Berthe la progression de sa libération : à partir du moment où la cloche sonne, les étapes s’enchaînent et les différents motifs de la liberté retrouvée se succèdent (les sandales chaussées, le soleil sur le front, l’odeur de la confiture dans la chambre, la robe revêtue, les cheveux déliés, les baisers, puis le jardin et l’échappée…) Pour accentuer l’évocation de la délivrance, j’ai juxtaposé les propositions ; ce qui crée un rythme rapide à l’image de l’urgence joyeuse que devait ressentir Berthe. Le choix de certains verbes de mouvement comme « dévaler », « accompagner », « sortir » préparent le lecteur à la révélation finale de l’intention de Berthe (« Je voulais être en avance pour toutes ces choses joyeuses qui s’annonçaient ») que j’ai définie par une expression plus concise mais – je le pense – fidèle à ce qu’elle voulait vivre alors, à savoir « précéder le bonheur ». Aux verbes de perception employés par ma narratrice, j’ai substitué des notations sensorielles qui mettent précisément en scène le souvenir : « l’odeur de la confiture chaude de reines-claudes », « les senteurs des plantes », l’herbe sèche  qui « craquait sous les pieds ». En outre, j’ai voulu varier les expressions traduisant l’empressement avec lequel Berthe se métamorphose : « je dénouais vite mon chignon » devient « je dénouais en un seul geste mon chignon ». Enfin, je propose à Berthe de donner quelques détails qui apporteraient une dimension poétique à ce souvenir qui est de l’ordre de l’émerveillement renouvelé à chaque congé : c’est pourquoi j’ai choisi certaines expressions comme « les doigts constellés de grains de farine » ou encore des jeux sur des échos sonores : « mes cheveux longs », « mes cheveux blonds ». Je me suis efforcée de faire revivre, par ces images poétiques, un souvenir lointain et de le réactualiser pour atténuer peut-être la nostalgie toujours présente de Berthe. Le souvenir, ainsi, ne serait pas perdu. Le choix de mots littérairement précis pourrait en ranimer les sensations comme si Berthe les avait éprouvées hier…

Lors du prochain article, je relaterai la restitution de la biographie achevée à ma cliente.

A bientôt,

à la fenêtre des mots.

Géraldine Andrée Muller

Publié dans Berthe mon amie

Un cas concret d’écriture biographique : la rencontre avec Berthe

Je vous transmets, comme modèle de mon travail et en guise d’exemple, un cas concret d’écriture qui a validé ma formation au CNED avec mention Très Bien, rédigé dans le cadre d’un mémoire professionnel.

Je retrace, ici, le contact avec ma cliente qui est une personne âgée et le dessein ou dessin d’écriture qui se dégage de cette rencontre :

***

« J’ai toujours eu peur d’être arrachée aux choses… » me dit Berthe, en versant du thé dans des tasses de porcelaine bleue.

Le salon de Berthe contient tant de souvenirs de sa longue vie… Ici, un buffet profond. Là, un vaisselier en vieux bois de chêne qui craque parfois la nuit, me dit-elle ; près de la crédence sur laquelle sont disposées les photographies de ses petites-filles, une horloge très haute dont le balancier d’or scande les silences entre nos paroles.

« J’ai toujours eu peur d’être arrachée aux choses… Ce sentiment vient des années de pensionnat qui ont déterminé le cours de mon existence. Quand j’étais bien, heureuse dans la maison de Beaujour, je savais que ce bonheur ne durerait pas et que je reprendrais une vie plus triste pendant six longues semaines au sévère pensionnat du Luxembourg. Ces départs et ces retours successifs m’ont appris que rien ne durait, ni le chagrin, ni la joie, ni même l’ennui. Pour cette raison, je me dépêchais, quand j’étais heureuse, de savourer ce bonheur car il pouvait m’échapper, comme les fins de dimanches quand mon père me rappelait qu’il fallait que je fasse vite ma valise pour la pension… »

Berthe est la grand-mère d’une collègue qui s’avère aussi être mon amie. Elle est âgée de quatre-vingts ans.

« J’ai voulu raconter ma vie, quand j’étais jeune, surtout ces années d‘adolescence, vécues entre emprisonnement et liberté ; j’avais même commencé au début de mon mariage un journal intime que je n’ai pas poursuivi. Je l’ai perdu pendant un déménagement. Et puis, vous savez, avec le ménage, les enfants, le mariage… J’ai oublié mon envie d’écrire. Maintenant, je suis trop vieille. Mes yeux ne voient plus bien. Et je me fatigue vite. Pourtant, je n’ai pas envie de quitter ce monde sans avoir laissé une trace, une petite biographie sur mon adolescence… Relire ce récit de vie écrit par vos soins me permettra de comprendre cette nostalgie… Peut-être que je me sentirai plus apaisée, après… »

Je suis d’accord pour écrire un pan de la vie de Berthe. C’est à cette fin que mon amie m’a envoyée près d’elle.

Je dis à Berthe que c’est un peu dommage que ce journal intime ait été perdu, car j’aurais pu partir de ces anciennes pages pour écrire les nouvelles, fidèlement à son souvenir. Il eût ainsi constitué un document précieux.

Berthe s’exclame :
« Oh ! Cela ne fait rien ! Je n’y vois plus bien mais j’ai encore bonne mémoire. Je pourrai vous raconter de vive voix. Et puis… » Berthe fait quelques pas, tourne une petite clé dans le tiroir d‘une table ronde, en sort un album de velours rouge qu’elle ouvre, soulève un voile de papier blanc, glisse délicatement des pochettes transparentes trois photographies qu’elle me tend, d’une main visiblement tremblante d’émotion :

« Tenez ! Je vous les prête pour ce soir ! Vous pourrez les regarder tranquillement chez vous ! Vous me les rendrez demain. »

Le rendez-vous est donc pris pour le lendemain 10 mai après-midi, à la même heure. Je viendrai avec un calepin pour prendre des notes sur cet épisode central de la vie de Berthe, qui dura toute son adolescence : les allers et retours entre la maison de Beaujour et le pensionnat du Luxembourg qui créèrent en elle un profond sentiment d’instabilité qu‘elle voudrait dire afin de mieux l‘exorciser.

Chez moi, sous la lampe du soir, je contemple les trois photographies.
Elles sont en noir et blanc, comme toutes celles prises à l’époque de la jeunesse de Berthe.

Sur la première photo, on voit une grande maison blanche dans un berceau de feuilles ; une allée y mène, bordée de verdure. Au moment où cette photographie a été prise, l’air mêlé de chants d’oiseaux doit bruire, frissonner. C’est l’été. L’allée invite à entrer ici ; d’ailleurs, la grille est ouverte. Il suffirait d’un pas…C’est une photographie baignée de soleil et d’ombrages. Berthe devait être heureuse dans la demeure de son enfance. Sur mon calepin d’aide à l’écriture, je note ces mots : « insouciance », « rêverie », « temps », « cachette », « durée », « éternité ». Bien sûr, ce sont mes mots, ceux que la photographie m’inspire, pas ceux de Berthe ; je ne les utiliserai pas forcément dans le récit de vie que je dois écrire pour la vieille dame, sauf si cette dernière les emploie elle-même, mais ces quelques mots ont le mérite de m’orienter vers une piste d’écriture et la photographie, quant à elle, spatialise la jeunesse de Berthe.

Sur la deuxième photo, s’élève une bâtisse austère, grise, aux fenêtres toutes similaires, entourant une cour au centre de laquelle pose une classe d’une trentaine de jeunes filles vêtues d’uniforme – veste noire, chemisier blanc, jupe de laine noire, collants et souliers épais. Les sourires sur les visages sont figés ; les lèvres sont serrées ; les cheveux sont relevés en chignon. Au deuxième rang, la pointe d’un feutre noir a entouré le visage d’une jeune fille, un peu plus petite que les autres, qui esquisse à peine un sourire ; le regard fixe quelque chose d’indéfinissable, qui se situe plus loin que l’objectif de l’appareil. C’est Berthe.

Je note ces mots : « uniformité »,  « ordre », « rigueur », « obéissance », et aussi « durée », « éternité » qui revêtent, bien sûr, une réalité contraire à celle évoquée précédemment. Sur la photographie précédente, le temps se dilate dans le bonheur ; Berthe ne devait pas le sentir passer. Sur cette photographie, en revanche, le temps doit traîner dans la monotonie, l’abnégation et l’ennui. Telles sont mes impressions visuelles et affectives devant de telles images.

Sur la troisième photo, voici à nouveau Berthe debout devant un guéridon au pied duquel fleurit une plante. Le décor de la photographie est convenu, comme c’était l’usage.

La posture de Berthe est étudiée : la main gauche posée sur le guéridon, la silhouette un peu de biais mais toujours droite. Berthe est vêtue d’une robe blanche, liée par une fine ceinture à la taille.

Elle porte un chapeau où sont accrochées quelques roses – sans doute artificielles. La photographie a dû être prise un jour de fête, un dimanche à la fin du printemps. Du chapeau de Berthe tombe une rivière de cheveux longs et clairs. La jeune fille paraît âgée de quatorze ans ; elle sourit, certes, sans desserrer les lèvres ; mais le sourire est plus accentué que sur la photo du pensionnat. Il creuse d’ailleurs quelques fossettes sur son visage encore poupin. Telle est Berthe qui vit chez elle, en compagnie de ses parents, de sa famille. Telle est aussi la destinée de cette timide jeune fille qui expérimente l’existence dans deux endroits opposés – la maison de Beaujour et le pensionnat du Luxembourg, où le temps s‘écoule si différemment, selon qu‘elle est en vacances ou scolarisée. Je scrute le regard de Berthe. Les yeux sont bleus, un peu rieurs mais j’y décèle encore une pointe de nostalgie. Sur mon calepin, je note : « Berthe, enfant sensible », « je pense qu’elle éprouve un intense désir de liberté qu’elle bride en raison de son éducation d‘alors, celle d‘une jeune fille bourgeoise que ses parents veulent bien ranger. » Si le récit de la vieille dame se confirme lors du prochain rendez-vous, je lui proposerai de mettre en valeur ce profond désir de liberté inhérent à sa personnalité de jadis et qui, parce qu’il était opprimé, éveillait peut-être en son cœur ce perpétuel sentiment « d’arrachement aux choses ».

Voilà un exemple de prise de contact.

Dans le prochain article, je vous montrerai le processus de transcription des souvenirs de ma cliente.

A bientôt,

à la fenêtre des mots.

Géraldine Andrée Muller

Publié dans Ecrire pour autrui

Charte de déontologie de l’écrivain public

Article 1 :

L’écrivain public a une obligation d’impartialité, d’objectivité et de neutralité.

Article 2 :

L’écrivain public est tenu au secret professionnel.

Article 3 :

L’écrivain public n’interfère pas avec les instances juridiques en place.

Article 4 :

L’écrivain public n’empiète pas sur les fonctions juridiques et judiciaires (notaires, huissiers, avocats, juges).

Article 5 :

L’écrivain public conseille le client dans les démarches administratives mais en aucun cas, il ne les accomplit à sa place.

Article 6 :

L’écrivain public ne rédige pas les thèses, mémoires ou dissertations à la place des étudiants. Il relit les pages, les corrige, aide à leur réécriture, à la planification du travail mais il n’assume pas la rédaction de leur contenu théorique.

Article 7 :

L’écrivain public fait preuve d’empathie et d’écoute. A ce titre, il a un rôle de conseil dans le domaine du rédactionnel.

Article 8 :

L’écrivain public s’engage à fournir la prestation écrite demandée, dans le délai imparti, fixé en accord avec le client, et qui dépend de la longueur du travail.

Article 9 :

L’écrivain public fournit au client un bon de commande et un reçu avec le code SIRET de l’entreprise. Pour les travaux conséquents, il s’engage à réaliser un devis pour le client.

Article 10 :

Pour toute prestation écrite, un acompte de 50°/° de la somme est demandé.

100°/° de la somme est exigé une fois la prestation réalisée. Les tarifs sont scrupuleusement ceux affichés dans Mes tarifs.

Géraldine Andrée MULLER,

votre écrivain public.

Publié dans Ecrire pour autrui

Qu’est-ce qu’un écrivain public ?

Le métier d’écrivain public est très ancien. Il date de l’Égypte antique où un scribe assurait cette fonction en rédigeant les actes administratifs, religieux, juridiques et en participant à l’élaboration écrite des pyramides.

Ce métier a ensuite évolué au cours des siècles, l’écrivain public se mettant à disposition du peuple pour faire valoir droits et requêtes. Il jouait un rôle important dans la société puisqu’il était un intermédiaire entre le pouvoir central et les gouvernés.

L’écrivain public a toujours travaillé au milieu des gens, installant souvent sa table d’écriture en plein air, dans la rue. Les odeurs, les bruits, les voix, les couleurs, les aléas météorologiques constituaient le matériau de ses mots.

L’écrivain public est donc ancré dans les préoccupations quotidiennes et le vécu familier des gens.

Il est désigné par le cadi à Mayotte où il règle les problèmes de la vie courante et rédige les actes juridiques.

En France, il existe une distinction claire entre juge, notaire, avocat et écrivain public sur laquelle je reviendrai dans un prochain article consacré à la déontologie de ma profession.

Concrètement, que puis-je faire pour vous en tant qu’écrivain public-biographe ?

Je vous aide à retracer et à formuler votre parcours professionnel en l’adaptant au poste que vous désirez si vous souhaitez la rédaction d’un CV ou d’une lettre de motivation.

Je rédige des lettres administratives en prenant soin de cerner avec vous le problème, son enjeu, ses solutions sans empiéter sur les instances juridiques.

Je corrige tous types d’écrits ; je vous conseille dans le domaine de l’écriture et la transcription de divers documents. Mon métier d’enseignante m’a fourni les qualifications nécessaires pour accompagner un étudiant dans la rédaction de sa thèse ou de son mémoire, sans usurper les fonctions de son maître de thèse.

Je vous invite à mettre vos émotions à distance pour pouvoir précisément les nommer dans le cadre d’un discours, d’un éloge, d’un hommage, d’une lettre amoureuse. L’écrivain public, n’est, certes, ni psychologue ni psychanalyste, mais il exerce dans son métier une certaine fonction thérapeutique par les qualités d’écoute et d’empathie dont il fait preuve.

Je rédige des articles de journalisme et de publicité pour les entreprises, magazines. Je corrige les rapports d’administration.

Par les mots, je vous remets en contact avec la couleur, la voix, la senteur, le visage d’un souvenir. Je fais réapparaître un ancêtre. Je redonne vie à un proche décédé en écrivant sa biographie. Je vous guide verbalement dans la réappropriation de votre passé, de votre mémoire, de vos racines. Je prête à votre voix un langage essentiel, fidèle à qui vous êtes. J’attribue aux voix individuelles une dimension universelle. Je ressuscite votre entreprise familiale dans une fresque historique et sociale. Je retrouve pour vous la trace des disparus et je l’inscris dans le futur. Je dévoile le tableau de votre vie, fidèlement peint ou photographié selon vos paroles. Je compose pour les personnes âgées le puzzle fascinant de leur existence qu’elles pourront contempler, fières de leur destinée.

J’écris depuis mon enfance ; j’ai toujours aidé mon entourage avec les mots et j’ai décidé aujourd’hui de mettre ma passion à votre service.

Je suis polyvalente mais mon domaine de prédilection est le récit de vie, genre dont je suis la spécialiste.

Je vous donne rendez-vous sur mon blog afin que vous puissiez vous familiariser avec un cas concret d’écriture qu’est la rencontre avec Berthe.

A bientôt,

à la fenêtre des mots.

Géraldine Andrée Muller

Publié dans C'est ma vie !

Qui suis-je ? A la fois professeur de Lettres Modernes et écrivain

Géraldine MULLER                                                     Née le 06/0/07/1970
45, Place de la Carrière                                               03 83 39 01 52
54000 NANCY
geraldine.muller268@orange.fr

ECRIVAIN PUBLIC

Production de tous types d’écrits
Spécialités : écriture biographique et poétique

Formation :

2015 : Formation Ecrivain Public au CNED de Toulouse validée mention Très Bien

2008 : Admissibilité à l’Agrégation interne de Lettres Modernes

Compétence : développer mes connaissances théoriques mais surtout mes facultés d’introspection face aux exigences d’un tel concours (Quelles sont mes limites ? Quelles sont mes vraies envies ? Quels sont mes désirs profonds ? )

1992 : Obtention du CAPES de Lettres Modernes à PARIS (75000)

Compétence : développer mes capacités d’enseignement

1991 : Maîtrise de Lettres Modernes à l’Université de Nancy 2 pour le
mémoire L’Expérience de l’Absence et de la Présence dans la poésie
jouvienne

Compétence : allier la sensibilité poétique à la rigueur du raisonnement

1990 : Licence de Lettres Modernes à l’Université de Nancy 2

Compétence : étudier le genre de l’autobiographie et de la biographie avec, comme appui, les théories littéraires de Philippe Lejeune

1988-1989 : Hypokhâgne et khâgne au lycée Henri Poincaré à NANCY (54000)

Compétence : articuler la pensée logique dans des dissertations de trois types (littéraire, historique, philosophique)

Expérience professionnelle :

1993 jusqu’à maintenant : Professeur de Lettres Modernes dans différents collèges et lycées

Compétences :

¨ Animer, surtout en collège, des ateliers d’écriture (nouvelles, poésies, argumentaires)

¨ Apprendre aux élèves à soutenir un point de vue et à l’enrichir

¨ Être en rapport avec le public (parents d’élèves) et se confronter aux problématiques qui découlent de ce rapport (difficultés sociales, surtout) ;  développer des capacités d’empathie et de recul

¨ Corriger des rapports professionnels ; aider l’étudiant à la soutenance dans le cadre d’un enseignement en BTS

Expérience personnelle :

2016 : Publication de mon récit de vie Le Grand Retour aux éditions Edilivre

2015 : Parution d’un recueil poétique à dominante autobiographique intitulé Tu es riche de toutes les gouttes de pluie sous le pseudonyme de Géraldine Andrée aux Éditions Amalthée, réseau distributeur Hachette

2013 : Publication dans la revue belge Bleu d’Encre de quelques poèmes libres et lyriques, extraits d’un recueil à paraître Le Bleu de menthe du silence

1er Prix de Poésie Libre du CEPAL reçu à Thionville (57100) pour le poème lyrique et en prose La petite chambre du Sud

2006 : Publication dans la revue Récits de vie d’une biographie intitulée Libre (sur le thème de l’internement malgré soi)

2005 : Stage sur La mission de vie

1988 : Prix littéraire lorrain pour un poème intitulé Écrire

1977 : « Tout commence par un cahier orange », mon  journal créatif d’enfance

Activités :

Tenir un journal intime tous les jours
Fréquenter les salles d’Art et d’Essai (sensibilité aux sons, aux couleurs, aux ambiances particulières, à l’écriture narrative de ce genre de films

Publié dans C'est ma vie !

C’est ma vie !

Je me souviens d’avoir envié par longs épisodes au cours de ma vie la vie d’autrui.

Je me souviens d’avoir intensément désiré vivre la vie de quelqu’un d’autre qui me semblait plus gâté que moi.

Puis, avec le temps, en côtoyant régulièrement cette personne, j’ai découvert, comme le dit l’expression populaire, que « l’herbe n’est pas plus verte de l’autre côté. »

J’ai appris que chacun a son lot d’épreuves et de de joies, de peines et de réjouissances, de malchances et de chances.

Et j’ai fait mienne la phrase de l’héroïne du très beau film Quelques heures de printemps qui, à la question qui lui est posée

Que pensez-vous de votre vie ?

répond avant de mourir

C’est ma vie ! C’est tout ! Pas celle de quelqu’un d’autre ! C’est ma vie !

J’ai aimé cette réponse dont je veux faire un poème dans mon cahier intime :

C’est ma vie, ce jardin qui s’allume à l’aurore, à quelques pas de chez moi !

C’est ma vie, l’étoile sur le toit d’en face !

C’est ma vie, la lumière sur mes mains pendant que j’écris ! Ce quatuor que j’écoute en ce moment même, ce bon verre de vin quand je lis !

C’est ma vie, mon pas qui résonne dans la petite ville, les dimanches d’été !

C’est ma vie, les persiennes bleues de la sieste !

C’est ma vie, le parfum de vacances qui s’exhale en hiver du flacon violet acheté non loin de la plage !

C’est ma vie, la lune que je regarde avant d’aller dormir, les couleurs de mon arbre préféré qui se balance au vent et qui me fait fête avec tous ses reflets à chaque instant !

C’est ma vie, mon souffle qui coule de source à fleur de mes lèvres, le murmure de mon sang apaisé après la peur ou la colère, les larmes jaillies de mon rire !

C’est ma vie et même s’il me manque beaucoup de choses, je sais que j’ai la voix et la foi pour prononcer au quotidien cette phrase toute simple qui comprend en trois mots hier, aujourd’hui et demain :

C’est ma vie !

Et c’est la vôtre aussi !

Géraldine Andrée