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Arrivée sur la rive de ma nouvelle vie

Arrivée sur la rive de ma nouvelle vie, j’ai l’heureuse surprise de retrouver l’anthologie Adolescence en poésie que j’ai déposée par réflexe dans ma valise, entre deux classeurs.

Ce recueil poétique m’a été, lui aussi, un précieux compagnon pendant toutes ces années… Ses poèmes me répondaient et me permettaient de toucher le mystère de la vie, de l’amour, de la mort. Je voulais unir ma voix à celles de Bernadette, Cathie, Nelly, Min-Thu..

Je lisais un poème au hasard alors que ma mère faisait couler l’eau dans la bassine, tinter les assiettes, souffler la cocotte-minute. Tous ces bruits du quotidien en arrière-plan pendant que j’explorais l’univers des silences, des aurores, des planètes au cœur battant… Je m’en souviens encore aujourd’hui.

Et tandis que se tendent les draps de mon nouveau lit, je pars en voyage avec cette amie que je ne connais pas mais qui m’est si familière car nous entrons ensemble dans

« Le goût des vacances au fond de moi

Ce goût de sel

quand

Un rayon d’étoile s’achemine vers moi.« 

Le temps d’une rencontre dans ma chambre d’étudiante avec ces quelques vers, nous sommes, toutes les deux, Caroline l’inconnue et moi

à la fois

le chemin et l’étoile.

Géraldine Andrée

Photo de Valeria Boltneva

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Histoire de regard

Qu’est-ce qui peut t’éveiller ici et maintenant, faire en sorte que tu comprennes la valeur de ta vie quotidienne ?

Pour moi, c’est le fait d’écrire sur Tout, c’est-à-dire sur la moindre chose, l’odeur du café le matin, la biscotte qui craquette comme du papier épais, un après-midi où je demeure dans mon journal intime, le bercement de l’écriture qui est le même que celui des vagues des vacances, ces objets que je ne vois plus avec conscience et qui, pourtant, me font signe dans leur apparente insignifiance si je veux bien être attentive à leur présence – la théière, le plumier, ce tableau où des jeunes filles lisent sous la lampe, par exemple -, le bouquet de fleurs séchées que ma mère avait disposées dans le vase il y a un lointain été, ces fleurs qui, à la manière avec laquelle elles se sont penchées, gardent encore le mouvement de sa main et dont le silence des corolles témoigne de l’éternité :

Des fleurs que furent les mains de ta mère il restera toujours trace.

Et puis la mèche de la bougie au rendez-vous de la lueur, la cire qui descend dans la coupelle tandis que j’écris, ce recueil de poèmes sur le lutrin que cache un rideau. Son titre Le Regard des mots

me regarde et insiste :

Tire donc le rideau !

Que je voie le jour car tu existes !

Géraldine Andrée

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Regarde-toi dans la page

Devant le miroir de la page

La page de ton cahier de chevet à la fin de ta journée est comme un miroir éclairé dans le soir.

Plus tu écris, plus tu avances vers toi-même. D’un mot à l’autre, ta silhouette se précise. Te voilà qui approches ton visage de ton regard.

En confiant tes yeux à ce regard, que vois-tu vraiment ?

Écris-le !

« Je vois combien j’ai ressenti, aimé jusqu’à maintenant, combien toutes ces peines et toutes joies du passé m’appartiennent encore, combien ces pensées me sont miennes.

Je vois tous les pays de ma vie que j’ai traversés pour arriver là où je suis. Je garde bien en mémoire mon enfance, cette chambre profonde qui m’a nourri au lait des rêves pour que je grandisse et que je sois là, à présent, conscient du mouvement de mon sang, promesse du cycle d’un autre sang, celui de l’encre que propulse aussi mon cœur.

Je sais que j’ai éprouvé des sensations et des sentiments communs à bien des individus. Au fond, quelle banalité ! Cependant, je dois avouer que personne ne me ressemble.

Je suis unique, comme n’importe qui est unique en ce monde. »

Telle est la vocation du miroir de la page : te faire répondre à ton appel de reconnaissance. Il n’est rien d’autre qui importe, que ce que tu es. Cela, écris-le aussi. La page te ramènera toujours au regard que tu poses sur ton histoire, à l’histoire de ton regard, à toutes ces évolutions dont tu es à la fois l’auteur, le protagoniste et le spectateur.

En écrivant, tu places ta main sur qui tu es. Certes, tu ne parviens pas à te toucher à travers ce miroir car tu réussis quelque chose de plus vaste encore et qui abolit tes limites : tu te rejoins complètement.

C’est ainsi que tu peux définir le miracle de l’écriture. Tu ignores désormais qui est le reflet de toi-même. Peut-être est-ce le principe de la réalité qui s’inverse : tu n’es devant ta page que l’image que projette ta vérité de l’autre côté, là où tout de toi s’écrit.

Pour cette vérité, écris plus loin encore, c’est-à-dire rapproche-toi au plus près de toi-même à cet instant précis.

Et souviens-toi, comme chaque instant change et te change, tu n’en finiras jamais d’apparaître dans le cadre du papier et donc d’écrire jusqu’à la fin de ta vie.

Géraldine Andrée

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Le pays de la mémoire

Bien sûr que les étés ne durent pas…
Déjà, il faut raccompagner l’ami dans l’ombre du soir et la lampe du chemin éclaire les derniers pas.
Bien sûr qu’il faut quitter le murmure de la fontaine lorsque les fleurs se penchent.
Et le vent d’octobre frappe la joue sur laquelle la rose d’un baiser s’était déposée quand le temps se balançait d’une enfance à l’autre.
Bien sûr que les pétales s’unissent à la terre du jardin et que les pêches dans les mains s’étoilent de taches brunes.
Bien sûr que la chambre d’amour referme sa porte, bateau voguant sur l’immense silence jusqu’à une saison bien trop lointaine.
Et le collier de perles blanches qui a embelli les fiançailles se range dans un tiroir promis à l’oubli.
Bien sûr qu’il faut dire Adieu à la chatte sauvage, lui chuchoter dans une ultime caresse À l’année prochaine sans que l’âme en soit certaine.
Bien sûr que rien ne dure et que la lueur d’une virgule ne peut guère prolonger l’histoire que d’un instant supplémentaire, juste avant que ne s’interrompe le souffle.

Pendant longtemps, je me suis demandé où s’envolaient toutes nos expériences de vie, d’amour, de beauté et de mort.
J’aime songer qu’il existe un pays où se promènent toutes les essences de nos expériences, tels les esprits des défunts, et que nous revivrons ces sensations de l’autre côté, après notre passage Ici.
Mais il est un pays plus proche, plus présent Maintenant,
celui de notre mémoire,
où l’abricotier, les asters, les menthes, l’herbe du matin, le pain chaud, les cheveux de Marie, la mésange qui picore une miette de gâteau, le verre de grenadine, le chapeau de paille, la merveille de la fenêtre ouverte nous retrouvent, aussi vivants que si l’ancien été nous attendait.
Et – le sais-tu ? – il existe un cahier blanc que je t’ai offert pour témoigner de toute cette vie qui dure dans son absolue lumière
parce qu’une seule phrase
la prolonge
aujourd’hui encore
jusqu’au sourire.

Géraldine Andrée

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Là où l’écriture t’emmène

L’écriture vogue

Quand tu t’assois devant ton cahier, tu ne sais jamais où l’écriture peut te mener. Celle-ci possède son propre sens qui est à la fois la signification et la direction.

Tu peux avoir pour projet d’écrire sur ton projet d’avenir et te retrouver à évoquer, par exemple, le chaton tigré de ton enfance ou le bouquet de lys frais que tu rapportais de ta promenade dans le jardin d’autrefois, aujourd’hui disparu.

L’écriture est alors une barque qui, sans les rames, suit la volonté du courant ou un oiseau qui se repose, ailes ouvertes, pendant quelques instants, en s’abandonnant avec foi aux desseins du vent.

Comme je l’ai déjà expliqué dans mon billet Suivre le flow de l’écriture, écrire consiste avant tout à se fier au flux mystérieux qui traverse l’écrivain. Je suis certaine que ce n’est pas nous qui tenons la plume mais que c’est la plume qui nous porte vers un ailleurs que l’on découvre ici et maintenant.

Ce que l’on décide d’écrire se métamorphose en visions inattendues, en réminiscences fulgurantes, en souvenirs soudains. Et l’on se surprend à s’exclamer :

-Tiens ! Je ne savais pas que tout cela était caché en moi !

Les secrets se révèlent. Le refoulé se dévoile. L’obscurité du cœur s’éclaire et les nœuds de la psyché se dénouent.

Si tu ne crains pas de te laisser guider par ta plume, l’occasion te sera offerte d’aller à la rencontre de vieux trésors intérieurs apparemment oubliés, de coffres qui n’attendaient que toi pour s’ouvrir et te montrer leurs bijoux étincelants – tous ces jours de ta vie qui font que tu es l’auteur, c’est-à-dire le navigateur confiant de ton existence.

Qui sait vers quelles embouchures tu peux glisser, quels affluents tu peux suivre – et ce, jusqu’à quel océan ? Quel infini ?

Renonce à tes velléités quand tu pars à l’aventure sur la page car ta plume sait parfaitement ce qu’elle fait. Elle a ton étoile de naissance pour boussole.

Relis tes anciens cahiers. Souligne avec une couleur le thème des premières lignes. Puis, avec une autre couleur, entoure toutes les digressions, c’est-à-dire tout ce qui s’écarte de ton thème initial. Enfin, avec une troisième couleur encadre les autres sujets qui affleurent la page et se précisent au fil de ton encre :

« J’aimais tellement Bobby quand il jouait avec les herbes ! Son ventre blanc qu’il me montrait au soleil du printemps me manque. »

Vois quels sont les mots qui ont réactivé le chagrin de cette perte ancienne et que tu as employés pour décrire apparemment ta situation actuelle : « Ce silence quand je rentre chez moi », « le fauteuil dans lequel je me love pour attendre Christophe »…

Ces mots seront autant de falots qui éclaireront ton itinéraire jusqu’à cette nouvelle destination que tu ne songeais pas à prendre.

Dans un autre carnet, dresse au cours de tes relectures la liste des sujets que tu ne croyais pas aborder mais sur lesquels ta plume t’a fait accoster. Ces terres t’appartiennent. Il t’est possible de les habiter à nouveau.

L’écriture n’en finit pas de nous mener vers l’écriture – comme une vague se renouvelle grâce à l’élan de son propre mouvement – car la vie est ainsi faite. Elle s’écrit en nous et notre destin consiste peut-être à en restituer uniquement la beauté de la trace.

Géraldine Andrée Muller

Écrivain privé-biographe familiale-psychobiographe