Publié dans Art-thérapie, Journal de la lumière, Le poème est une femme, Poésie, Poésie-thérapie

Si Dieu était une femme

Si Dieu était une femme
imagine
si une femme
n’importe laquelle
qui contemplerait
les étincelles
des décorations
de Noël
dans les vitrines
était Dieu

elle t’applaudirait
avec les mille
cymbales
du soleil
lorsque tu te déhancherais
sur le sentier sauvage
qui mène
à la mer

elle te soufflerait
de devenir
aussi légère
que le murmure
de dentelle
du vent

elle inviterait
la lumière
espagnole
à tournoyer
autour
des volants
de ta jupe
courte

elle t’encouragerait
à faire
tes premiers
pas
en talons
hauts
sur la piste
de danse

elle te désignerait
parmi la palette
de toutes
les couleurs
possibles
celle
qui étoilerait
tes yeux

elle t’offrirait
des robes célestes
des écharpes de joie
des soutiens-gorges
de velours
rouge
comme le plumage
du rouge-gorge

en ouvrant
son profond
porte-monnaie
de princesse
Laisse
C’est
pour moi

elle sèmerait
sur la longue
allée
de ton poème
des paillettes
bleues
pour tous les mots
à venir

elle allumerait
l’astre
que tu n’attendais plus
dans le point
final
de l’histoire
de tes peines
qui perle
encore
sur la page

elle t’inciterait
à choisir
cette chambre
tout au Sud
avec bains
moussants
et draps
de luxe
en plus

À chacune
de tes décisions
prises
dans la solitude
elle t’approuverait
de son amitié
inconditionnelle
Tu as parfaitement
le droit

Et d’un seul
signe
du doigt
elle affirmerait
que tu es vraiment
Toi
c’est-à-dire
Poésie
et Volupté
Liberté
et Santé

Si Dieu était une femme
tu récolterais
tous les éclats
de son rire
car l’évidence
t’apparaîtrait
aussi clairement
que le ciel
d’une belle
matinée

Dieu est bel et bien
une femme
puisque tu as reconnu
en sa douce
force
ton âme

et que tu es devenue
TA DIVINITÉ

Géraldine Andrée

Publié dans Actualité, Poésie

Actualité

Le livre Broché du Bleu de menthe du silence, édité avec le Soupir du temps, est arrivé !

À toi, ma mère

qui m’as appris à être le témoin
dès l’âge de sept ans
de la floraison
de corolles
singulières,

celles du silence,

sous la lampe du soir,
lorsque tu me lisais
à voix basse
des vers
de Maurice Carême.

Que ce recueil
aujourd’hui,
à l’heure où tu as rejoint
le silence outre-terre,
en soit le bouquet.

Géraldine Andrée

Ce recueil de poèmes rassemble des textes intimistes écrits pendant sept années, dont un qui fut unanimement primé, La Petite Chambre du Sud, et qui donna l’un de ses vers comme titre à ce recueil. Pour Géraldine ANDRÉE, écrire de la poésie consiste à « écouter le frémissement d’une aile en chaque silence ».

« Au cours de cette promenade immobile
cueillir le bleu de menthe du silence
puis converser avec la solitude
loin très loin dans la petite chambre du Sud »

Publié dans Au fil de ma vie, Histoire d'écriture, L'espace de l'écriture, Poésie-thérapie

Sans titre

J’écris parce que je suis attendue quelque part
au bord d’un quai noir qui longe le paysage de neige
au détour d’un chemin qu’enjambent des broussailles
dans un jardin de roses en Chine
dans le dédale de ruelles provençales qui s’entrelacent comme des danseuses devant la fontaine de marbre
à fleur de mer cette corolle ouverte sur le soleil
à l’hôtel de la Plage pour une nuit ardente chambre 44
à travers le reflet tremblant d’un lac de Norvège
sur un tapis de mousses si rousses sous l’averse
au coin du feu bien à l’abri des autres
dans un regard qui s’attarde sur mon épaule dénudée

J’écris parce que je suis attendue quelque part

à un certain épisode de mon histoire quand je laisse le temps courir
dans la rencontre entre deux étoiles prévue par l’univers depuis des millénaires
le plus près possible du point scintillant de l’azur à l’approche de midi
au lever de la lune sur la page
lors d’une chaude après-midi d’été que constellent les gouttes de l’arrosoir
dans les zébrures du soleil que dessinent les fentes des persiennes et c’est toute une savane de lumière qui m’est offerte
à l’aube quand l’ombre flâne au creux d’une hanche
sous le souffle suspendu de l’amant
lorsque le crépuscule de cinq heures dore les franges de l’abat-jour
de virgule en virgule pour atteindre la crête de la phrase qui s’élance plus loin

Qui peut donc bien m’attendre dans cet espace-temps débordant de toute marge surlignée

Un ami de toujours
Un aimé durant tant de vies passées
Une mère de cœur
Une sœur d’âme
Un frère mon flambeau jumeau
Une tige d’allégresse
Le visage d’un aïeul qui s’anime au rythme du battement de ma bougie
Le rire d’une jeune nièce
Un pas derrière la cloison
Les mots devenus paupières entrouvertes sur l’infini

Une voix qui me dit

Te voilà Je n’y croyais plus Je t’ai attendue si longtemps en quête d’un signe que je confondais avec la lueur d’un phare ou un clignotement de guirlande
J’ignorais que tu représentais autant pour moi
Quelle majuscule tu es

Je le sais maintenant

La vie est une phrase qui se poursuit de l’autre côté

J’écris pour que quelqu’un m’espère quelque part
lorsqu’il n’y a plus personne
ou plus rien à attendre
ici

Géraldine Andrée

Publié dans Bullet journal, Collections de l'esprit, Créavie, Poésie-thérapie

Dix petits luxes

  • Rentrer dans une librairie pour se protéger de la pluie et acheter un recueil de poèmes qui était bien caché au coin d’une étagère
  • Trouver la feuille du dernier été sur la marche de l’escalier, encore verte comme si elle était vive
  • Laisser infuser lentement le thé et y voir descendre le rayon de la lampe
  • Allumer de l’encens à la sauge pendant la lecture
  • Visiter un ami et repartir avec une belle courge rousse et ronde « qui vient de son jardin »
  • Écrire ses pages du matin dans le calme pour y mirer ses pensées
  • Prêter attention au reflet du ciel dans la flaque de la dernière averse
  • Déboucher une bouteille d’eau de rose, l’approcher de son visage et se croire à nouveau en vacances, de retour de la plage
  • Se dire « Pourquoi pas ? » quand on ose rêver grand
  • Observer sa main posée sur le cahier encore fermé, détailler les stries de ses ongles, les plis de ses phalanges et se dire qu’avec ses os et sa peau, l’on vient de la vaste matière stellaire qui compose l’univers ; griffonner quelques vers sur cette méditation tout en sachant qu’on ne les publiera pas, parce qu’il est bon parfois de ne faire les choses que pour soi

Géraldine Andrée