Publié dans Journal de mon jardin, Poésie, Poésie-thérapie

Il y avait là, jadis, une fontaine

Il y avait là, jadis, une fontaine…
Ses notes berçaient
des pétales, des feuilles,
des fétus d’herbe, des grains de pollen

et son reflet
faisait danser avec lui
le jour
qui luit.

Ils ont muré
la bouche
de la fontaine
et de son chant,

il ne reste
désormais
aucune trace
sinon celle

de ce poème
qui se fraie
un chemin
dans le silence…

Géraldine Andrée

Publié dans Actualité, Collections de l'esprit, Créavie, Journal créatif, Journal d'instants, Le cahier de la vie, Récit de Vie

Laissez une trace

Laissez une trace de chaque jour qui passe.

Sur votre carnet de bord, collectez tous les menus détails, y compris ceux que vous jugez les plus anodins car c’est souvent l’insignifiant qui fait signe plus tard. On associe toujours à une époque ou à un événement une musique, un parfum, une lumière qui prennent parfois plus de place dans la mémoire que l’événement lui-même.

Notez sans vous soucier de votre syntaxe, sous forme de phrases concises, fulgurantes, incandescentes ce qui vous a marqué aujourd’hui (et n’oubliez pas : on est toujours aujourd’hui).

Jane Birkin, dans son journal adressé à sa peluche Munkey, écrit tout ce qu’elle a vécu sans se soucier de savoir si c’est important ou pas. De sa promenade à la plage, elle raconte qu’elle a trouvé une grosse balle de plastique jaune sous le sable et qu’au retour sa montre n’était pas à l’heure, reprenant ainsi les paroles de sa sœur Linda :

« Ce n’est pas moins vingt-cinq ! »1

Autant de menus clichés que permettent les mots et qui donnent à chaque jour sa singularité avec une touche humoristique, par exemple.

Faites, comme Dominique Loreau le conseille, des listes de vos accomplissements ou de vos projets immédiats ; des listes de saveurs, de couleurs, de musiques, d’odeurs et de textures quotidiennes. Qu’à chaque journée corresponde sa notation sensorielle. 2

Vous trouverez pour vous aider des cahiers présentés sous le principe du bullet-journal qu’il vous est possible de confectionner vous-même. Une notation ou une action correspondent à une pastille de couleur.

Vous pouvez tenir aussi une forme de journal de bord avec le carnet de croquis : dessinez le hall de gare, la salle d’attente, le café et sa banquette. Vous serez à la fois l’auteur et le spectateur de votre existence. Composez un air de musique quotidien si le cœur vous en dit.

Laissez votre trace en hommage à la Vie qui passe.

L’Encre au fil des jours prend quelques jours de pause. Mais je reviendrai pour l’année nouvelle, riche d’autres articles, d’autres vidéos et d’autres expériences d’écriture.

Je vous souhaite une belle fin d’année à écrire et…

À bientôt !

Géraldine Andrée

1 Jane Birkin, Munkey Diaries, collection Le Livre de poche, p58
2 Dominique Loreau, L’Art des listes : Simplifier, organiser, enrichir sa vie, éditions Marabout

Publié dans Art-thérapie, Créavie, Le cahier de la vie, Le journal de mes autres vies

Sans titre

Dans cette vie, j’écris.
J’avance au fil de l’encre.
Dans une autre vie,
je confectionnerai des cahiers.

Je coudrai des pages
toutes ensemble
avec des fils
presque invisibles

pour que les autres
retrouvent
en ces feuilles reliées
le fil de leur vie.

Géraldine Andrée

Publié dans Grapho-thérapie, Journal de la lumière, Le journal des confins, Récit de Vie

J’écris comme je prends un train

J’écris comme je prends un train dans la nuit.
Je m’avance quand une lueur éclaire la ligne…
Puis, je m’assois au plus près
de la page bientôt couverte d’encre noire,
fenêtre à travers laquelle je vois défiler des noms
qui sont chacun une destination
que je dépasse…
Je franchis des frontières invisibles,
des limites que j’ignore,
des terres obscures,
des constellations de lumières
éphémères…
Je me penche sur des bords inconnus
qui défilent
à une vitesse
qu’une autre force
plus puissante
que mon désir
décide.
C’est souvent au petit matin
que j’arrive à ce point ultime
qui me fait signe,
telle une étoile,
et qui m’incite
dans son pâle espace
à ne pas aller plus loin.
Alors, je me résous
à vivre
là où je suis,
à m’arrêter
pour un temps
là où j’en suis,
à poser mon regard
sans jugement
sur le jour blanc
qui m’invite
à percevoir
une autre vérité
dont le mystère
s’atténue.
Mais je ne renonce pas
car je sais
que plus tard,
quand l’heure
sera venue,
j’écrirai
comme je prends
un train dans la nuit.

Géraldine Andrée

Publié dans Grapho-thérapie, Journal d'instants, Journal de silence, L'alphabet de l'herbe

Notes de passage

Le plaisir
de traverser la forêt
puis de rentrer,
d’ouvrir son carnet,
et, les doigts encore transis,
de noter
tout ce que l’on a rencontré,
l’animal errant,
la brindille,
la tige dépouillée
et la trace de son pas tranquille
dans la terre mouillée.

Géraldine Andrée

Que chaque page marque ton passage !
Publié dans Grapho-thérapie, Journal créatif, Récit de Vie

Je suis fière de tenir un journal

Je suis fière de tenir un journal depuis mon adolescence, d’écrire tout ce qui m’arrive.
Je me vois offrir par la page un contour, un territoire, une existence comme lorsque, si discrète et effacée à l’âge d’onze ans, j’ai sorti du buisson et pris fermement entre mes mains ce chaton sauvage que toute la famille a ensuite adopté.
J’éprouve le même sentiment de force, d’influence sur les événements car j’ai le pouvoir de saisir et de tenir avec certitude la vie grâce à mes mots, comme le petit chat d’autrefois.

Géraldine Andrée

Publié dans Art-thérapie, Créavie, Grapho-thérapie, Journal de ma résilience

Lettre à l’enfant intérieur

Beaucoup d’entre nous ont abandonné leur enfant intérieur.
C’est comme si, préoccupés par les exigences de la vie, ils l’avaient oublié dans un orphelinat ou un pensionnat.

Et si nous lui écrivions, par cet après-midi d’hiver, une lettre d’invitation pour de grandes vacances ou un long séjour ?
Prenons du beau papier à lettre.


Écrivons sur l’en-tête son prénom (le mien est Angello).

Cher Angello, mon enfant,

Premièrement, demandons-lui pardon de l’avoir délaissé. Expliquons-lui les raisons, très sérieuses et cependant fausses, de notre conduite envers lui. Faisons amende honorable.
Puis, annonçons-lui en majuscules de couleur que nous serions très heureux de le serrer à nouveau sur notre cœur.
Décrivons-lui sa maison, la chambre où il pourra, comme autrefois, continuer à faire des rêves.
Proposons-lui des activités insouciantes.

Que veux-tu, Angello ?
Que l’on reprenne notre collection de coquillages ?
Que l’on chausse de hautes bottes pour marcher dans les feuilles mortes ?
Que l’on donne un sobriquet à chaque nuage qui passe ?
Que l’on saute dans les flaques ?
Que l’on modèle des visages avec de la pâte tendre ?
Que l’on colle de grands posters dans ta chambre ?
Que l’on achète un large chapeau de magicien ?
Que l’on dénoue le sachet de billes sur le tapis ?
Que l’on appelle une fée si tu as la fève ?
Que l’on danse jusqu’à perdre le souffle ?
Que l’on se perde avec plaisir dans les buissons ?
Que l’on fasse une fugue au clair de lune ?
Que l’on contemple jusqu’à minuit la voûte céleste ?
Que l’on écrive un message ensemble sur la buée de la fenêtre ?


Adressons-lui une liste de propositions qui lui semblera infinie.
Traçons sur notre lettre un long chemin de découvertes.

Nous verrons peut-être se raviver dans le reflet de l’encre des cauchemars que nous avons refoulés. Dans ce cas, promettons à l’enfant d’être là, et de l’aider au matin à dessiner ce terrible dragon pour que ce dernier sorte de lui et qu’ainsi, à jamais figé sur le papier, il ne l’embête plus.

Je t’ai acheté, Angello, une myriade de confettis, des guirlandes, du papier doré qui bruit.
Toutes les choses agréables de jadis t’attendent
car après toute cette vie, tu n’as pas grandi.


Enfin, signons la lettre de notre nom de père ou de mère.
Notons notre adresse sur l’enveloppe
puisque c’est à cette adresse que se situait l’orphelinat ou le pensionnat
qui redeviendront une vraie demeure
pour notre enfant intérieur.
Le cachet de la poste fera foi.

Géraldine Andrée

Écrivons une lettre à notre enfant intérieur !