Lorsque tu ne sais pas
où tu vas,
prends
une page
blanche
et vois
comme il y a
des chemins
qui se font visibles
dès que tu passes
avec confiance,
et dont tu peux suivre
à l’infini
la trace
selon le sens
de ton désir…
Géraldine Andrée
Lorsque tu ne sais pas
où tu vas,
prends
une page
blanche
et vois
comme il y a
des chemins
qui se font visibles
dès que tu passes
avec confiance,
et dont tu peux suivre
à l’infini
la trace
selon le sens
de ton désir…
Géraldine Andrée
J’ai souvenance…
L’odeur du papier frais qui m’accueille quand j’ouvre mon cahier d’adolescente que je viens à peine d’acheter
– une odeur printanière comme celle d’une robe si bien lavée et repassée qu’elle me semble être nouvelle…
Je ressens, alors, que malgré toutes mes peines répétées,
une seule goutte d’encre m’est suffisante
pour entrer dans une autre vie qui commence…
Géraldine Andrée
Ecrire la Vie avec les expériences, les sensations, les sentiments.
Il m’est possible de tout éprouver avec ma peau comme avec la page.
J’écris la Vie avec le souffle de ce qui passe, le sucre des fruits, la musique d’un violon, la danse d’une caresse au bord de l’épaule, les verts de la colline, la senteur des arbres sur un sentier de printemps.
J’écris la Vie avec les pétales des pommiers, avec tout ce qui disparaît pour renaître dans des couleurs jumelles.
J’écris la Vie avec les lueurs des larmes et les éclats de rire, le sourire de la lune au coeur de la nuit.
S’il m’est possible d’écrire la Vie, il m’est possible de revivre ces instants uniques autant de fois que l’encre ranime mes mots.
Géraldine Andrée
Ecrire m’a souvent sauvé la vie.
Ecrire m’a souvent aidée à vivre.
Grâce à des notes brèves, des fulgurances, des mots éclatants comme des météores,
j’ai découvert que le bonheur, pour moi, était fait de moments :
le chant des oiseaux dans la lumière de juin, lorsque j’ouvre ma fenêtre au matin ;
entendre le bruit de la mer pas très loin ;
une tasse de thé près de mon livre ;
trois gouttes de jus de citron sur du bon poisson grillé ;
une fleur accrochée aux cheveux de ma mère ;
le silence au réveil et le bruit de ma respiration…
L’encre qui brille sur la page est devenue mon miroir.
Je m’accepte inconditionnellement en me relisant, sans fard, avec tous mes défauts et toutes mes qualités, toutes mes faiblesses et toutes mes forces, tous mes échecs et toutes mes réussites, tous mes manques et toutes mes ressources.
Le mouvement du stylo, le lent déroulé de la phrase, la vague du texte qui s’avance sur la page m’ont suggéré d’aller à mon propre rythme, comparable à nul autre.
Une métaphore surprenante ? C’est le signe que je m’abandonne à Plus Puissant en Moi !
Et le silence de la chambre qui entoure l’île de mon cahier me met à l’écoute des murmures de mon temps intérieur.
Arriver à la dernière ligne, c’est rapprocher ma main de mon coeur.
L’action rencontre alors le sentiment et la volonté, l’intuition.
Ecrire m’invite à chaque instant à être l’auteur de mon propre bonheur.
Géraldine Andrée
Géraldine Andrée
Le Tour de France a toujours été pour moi le signe délicieux que les vacances commencent.
Il me revient certains Tours de France de ma vie.
Le Tour de France que mon oncle d’Annecy regardait tout l’après-midi. La pluie de l’orage se déversait sur la maison pendant que s’alternaient à la TV les pentes ensoleillées
Le Journal du Tour de France après les informations, au moment où l’on versait la première goutte de porto dans le coeur creusé des melons de Méditerranée
Le Tour de France qui est passé tout près de chez moi alors que j’habitais à D, dans le Nord. J’étais accaparée par l’attente d’un amoureux qui vint très tard. J’entendais les cris d’encouragement et je me sentais clandestine dans mon petit studio. J’aurais dû être dehors
Le résultat du Grand Vainqueur du Tour de France que clamait un transistor par la fenêtre ouverte, dans un village du Loiret. La chaleur nous avait invités à nous installer en terrasse et à remettre la visite des châteaux au lendemain
La voix du chroniqueur du Tour de France qui s’accélérait pendant que l’on ôtait doucement les grains de sable accrochés à la peau. C’était à Bray-Dunes ou ailleurs
Puis, cette coupure de vieux journal retrouvée dans la maison de mon grand-père, et qui était tombée par hasard sur les cartons du déménagement. Il y était relaté un Tour de France datant de plus de quinze ans. J’imagine mon grand-père le lisant, tout près de son café, avant de retourner jardiner. Où étais-je ? Peut-être juste à côté, occupée à habiller ma poupée.
Il me semble, même si je peux me tromper,
que mon enfance a été
un long été
que je continue aujourd’hui encore
à traverser.
Géraldine Andrée
Tu es parti pour de grandes vacances.
Et je n’ai pas l’adresse de ta demeure.
Les jardins ont-ils les mêmes lueurs qu’ici dans l’ombre ?
Les rivières sont-elles profondes ?
Peut-on y lire la même carte du ciel que celle posée sur notre monde ?
Je vois, les yeux clos, les traces de tes pas sur le chemin qui mène à la vaste résidence
et je rêve que j’y mets mes pas.
C’est ainsi que j’avance.
Ton congé est sans retour.
Il n’y a pas sur le calendrier
un seul jour à entourer de rouge,
parce que tu pourrais prendre l’avion en sens inverse.
Là où tu séjournes, il n’y a pas d’adresse.
Alors, je détache
de mon journal intime
une page :
comme sur du papier à lettres,
je note la date,
deux initiales
pour l’énigme
du lieu,
mon prénom
puis j’entre dans mon coeur
pour écrire un message
que je signe
de ton nom
et dont la danse
s’achève
dans une ultime
étoile
d’encre.
Géraldine Andrée
Pendant toute l’année 2015, j’ai rêvé d’avoir une chambre au bord de la mer.
Je fermais les yeux, les jours de pluie, et je voyais cette chambre à fleur de bleu, avec un voilier au loin et le ciel que le reflet du soleil dans les vagues berçait.
Je ressentais dans mon rêve le vent, la lumière, la vérité. En juillet, j’ai réservé mes vacances sur le site de Marmara.
J’ai ajouté Terrasse en option, comme d’habitude. Puis, je n’y ai plus pensé.
En août, lorsque je suis arrivée à Majorque et que j’ai ouvert la porte, je n’en croyais pas mes yeux et pourtant, c’était vrai !
La chambre était exactement comme je l’avais rêvée : fenêtre ouverte sur la Méditerranée, terrasse au sixième étage, donc au plus près du ciel, et j’entendais les éclaboussures des rires des enfants qui jouaient avec les vagues.
Au loin, un voilier blanc qui allait au rythme de son propre temps.
Cette expérience de mon rêve de vacances me donne la foi d’élargir encore mon rêve.
Alors, je ferme les yeux et je vois une maison que j’ai achetée à fleur de bleu, une terrasse et un grand cahier ouvert comme une fenêtre par laquelle les visages des mots apparaissent.
C’est déjà à moi.
C’est là.
Géraldine Andrée
J’entends sonner un très ancien carillon
dont les quelques notes grêles
si je tends bien l’oreille
font rouler leur écho
comme des perles
le long d’un rayon de soleil
un carillon qui sonne ce temps passé
où vivait encore Claire aux cheveux blonds
aux larges colliers
et au sourire secret
Géraldine Andrée
J’écris chaque jour
en prêtant attention
à l’encre brillante
de mes mots
comme je me penchais
jadis
sur l’éclat
des jeunes pousses…
J’écris chaque jour
pour demeurer
fidèle
au jardin.
Géraldine Andrée