J’ai longtemps vécu en me définissant par le regard qu’autrui posait sur moi ; en croyant que le jugement que l’autre donnait de moi me décrivait de manière existentielle.
Et pourtant, il est possible de se détacher de cette image que la société, nos proches, nos dits amis nous renvoient et ainsi, d’être libre.
Comment ?
En écrivant.
En écrivant,
j’ai suivi le fil de ma vie avec mon propre regard et j’ai compris qu’il me menait dans le sens de ma résilience ;
j’ai franchi la frontière qui me séparait de mes rêves et de mes désirs les plus pérennes ; je suis allée de l’autre côté, où m’attendait ma vérité ;
j’ai compris les épreuves qui m’ont guidée là où j’en suis et j’ai ainsi pu triompher du silence ;
je me suis donné le droit de crier sur la page en couleurs et en majuscules ;
j’ai appris à souligner ce qui m’était essentiel et à le privilégier dans ma vie de tous les jours ;
j’ai distingué en deux colonnes le passé du présent, ce qui doit être jeté de ce qui doit être gardé – objets, bien sûr, mais aussi valeurs, loyautés, habitudes, relations ;
j’ai tracé les grandes lignes de mon futur en laissant au crayon du hasard ou de la destinée des intervalles blancs suffisamment larges ;
j’ai pris ma place dans mon propre espace qui est celui de la page ;
j’ai découvert des comparaisons pertinentes, des métaphores insolites, des associations d’idées originales et je me suis exclamée, émerveillée comme une enfant qui trouve de splendides jouets dans l’ombre d’un grenier :
– C’est moi, ça,
« ce chemin qui file dans le vent comme de la soie, cette rose d’avril en robe élégante, l’ongle d’or de cette étoile qui s’accroche à l’angle d’une fenêtre, cette rivière de ciel qui se jette à l’embouchure du matin, la lampe de mon âme » ;
j’ai reconnu mon Moi profond avec lequel j’ai conversé ; je n’ai plus jamais eu peur du monde ou honte d’être là car le fidèle miroir de la feuille m’a apaisée.
En écrivant,
je me suis réconciliée avec celle que j’ai toujours été
depuis que je suis née.
Alors, faites de même pour vous ;
écrivez pour vous-même !
Géraldine Andrée
