Publié dans Créavie, Le temps de l'écriture

Méditation sur le pouvoir de l’écriture

Quand tu écris, tu dialogues en secret avec toi-même. Il n’y a personne pour te contredire et s’interposer entre ta vérité et toi. Tout est absolument vrai – surtout tes rêves.

Quand tu écris, tu peux te rendre n’importe où. Tu peux même retrouver ce qui a disparu et ce qui te manque. Si tu te sens bien dans le jardin de ton enfance qui n’est plus, l’histoire que tu te racontes peut t’y emmener.

N’attends pas d’être inspiré pour écrire. Et surtout, n’attends pas de connaître ta destination. C’est en écrivant que tu traces ton chemin et que tu l’éclaires.

Quand tu écris, tu es la lampe qui te guide jusqu’au mot prochain.

Quand tu écris, tu deviens ce chemin que tu as tant cherché à l’extérieur.

Et qu’importe où il te conduira finalement car, quand tu écris, tu fais d’une simple feuille volante ta demeure.

Géraldine Andrée

Publié dans Journal de la lumière, Le journal des confins, Poésie-thérapie, Récit de Vie, Un troublant été

Quand je l’ai oublié

Je me souviens quand je l’ai oublié.
Je ne saurais, bien sûr, vous dire la date ou l’heure.
Mais je sais que c’était en juillet deux-mille-un.

Nous nous étions disputés, le matin :
c’était une dispute si violente,
qu’elle laissât mon âme épuisée, sans dignité, criblée de silences.

Dans une sorte de perte de conscience
qui fait de chaque acte un réflexe,
je me suis dirigée vers la mer.

Je ne prêtais pas attention
au soleil qui dansait dans le bleu.
Un voile était tombé devant mes yeux

qui, emplis de larmes, de grains de sable et de sel
me brûlaient jusqu’aux tréfonds
de mon être.

Je voyais seulement
le lointain infini
et je voulais m’y confondre, m’y noyer, disparaître

dans sa couleur sans limite
pour l’oublier, lui – croyais-je -,
ainsi bercée jusqu’à la nuit.

Mais, en m’approchant davantage
du rivage
– j’avais retiré mes sandales

par simple réminiscence
des vacances de mon enfance
au bord de l’Atlantique -,

une petite vague
ourlée de dentelle
que piquetaient des étincelles

vint à ma rencontre.
Ce n’était point un rendez-vous,
mais le mouvement naturel

de l’eau qui se mêle
à la lumière
et qui, dans sa beauté, vous appelle.

Alors, je me suis avancée vers elle.
La vague – ou une sœur qui lui ressemble –
est montée jusqu’à mes jambes,

puis elle a étreint ma taille, mes épaules.
Il m’a semblé que j’étais entourée
d’une écharpe douce et fraîche.

Ma robe de flanelle
que je n’avais pas ôtée
flottait autour de moi, telle une corolle.

En initiant une grande brasse,
j’ai cru serrer contre mon cœur
toute l’immensité

et – vous l’avouerais-je ?-
c’est alors que la mer
m’a ouvert ses bras

et que je l’ai oublié.

Géraldine Andrée

Publié dans Un cahier blanc pour mon deuil

La quête

Je t’ai cherché entre les nuages
Au détour d’un chemin qui m’offre son lilas
Dans la danse des feuilles à contre-jour
Le long des traits de lumière que le crayon d’or du soleil
trace sur les persiennes
Au cœur de chaque goutte qui perle sur la rambarde
À fleur de feuillage qui s’incline vers l’instant prochain


J’ai même tenté de déchiffrer l’un de tes signes
dans l’enchevêtrement des racines
du sous-bois
Et je t’ai poursuivi
mon rêve-feu follet
entre les lignes
d’un poème


Mais à chaque fois
qu’il me semblait te reconnaître
ton pas se faisait silence
et ta voix pensée muette
Je le sais aujourd’hui
Ton absence est une fenêtre ouverte
qui me regarde jusqu’au soir


car tu te trouves
en moi

Géraldine Andrée

Photo de Alexey Demidov
Publié dans Créavie, Journal de mon jardin, L'alphabet de l'herbe, Le temps de l'écriture, Un troublant été

Écrire dans l’herbe

Écrire
dans l’herbe,
ce n’est, certes,
pas confortable.
Cela te picote
les jambes.

Il te faut souvent,
dans l’élan
d’une phrase,
te résoudre
à changer
de position,

pour t’asseoir
provisoirement
en tailleur
au milieu
des bourdonnements
du soleil.

Mais quel bonheur
quand la lueur
un peu follette
d’un papillon
volette
sur ta page…

Quelle surprise, aussi,
quand une minuscule
fourmi
déambule
dans la fourmilière
de ton récit !

Tu sais, alors,
que tu ne cueilles
aucun mot
par hasard
et qu’il en est
de la volonté

du Ciel
que ta feuille
soit placée
tout près
de cette feuille
de trèfle…

Géraldine Andrée

Publié dans Créavie, L'alphabet de l'herbe, Poésie, Poésie-thérapie

À quoi peut donc bien servir la poésie ?

La poésie sert à
*Vivre ses rêves
*Trouver son pays intérieur
*Se réchauffer à la lampe des mots
*Créer pour les autres et soi-même un ciel étoilé sur cette terre
*Faire de chaque message un oiseau porteur de bonnes nouvelles
*Suivre son chemin unique au rythme d’un vers
*Consteller sa fenêtre de flocons d’or
*Enjamber plus légèrement les obstacles, peines et deuils
*Parcourir sans se lasser le sentier d’un poème
*Et y découvrir toujours une aile, une lueur, une feuille
qui mènent à une autre aurore

Géraldine Andrée

Poésie, éternelle saison des mots éclos

Publié dans Cahier du matin, Journal de la lumière, Journal de ma résilience, Un troublant été

La passante

J’ai rêvé que tu marchais, libre et légère, dans la lumière. Tu portais des sandales brillantes et la robe de tes dix-sept ans.
Et tes pas sonnaient sur les pierres. C’était comme si l’écho de ton passage m’accompagnait dans ce songe qui m’emportait.
Je t’ai demandé, de ma voix redevenue claire :
« Où vas-tu ainsi ? Vers quelle invitation ? Vas-tu vers la chambre d’un amant ? À un concert ? »
Tu m’as répondu en riant :
« Je vais vers la Vie ! »
Et tandis que les notes de ta voix tressautaient vers l’instant suivant, tels les grelots du jouet de la joie,
tu souriais encore
en regardant le ciel de mon rêve
blanc comme une page qui attend
l’histoire à venir.

Géraldine Andrée