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Atelier d’écriture thérapeutique 4 : les sept bienfaits de mes pages quotidiennes

Les pages de mon journal intime m’ont toujours été d’un grand soutien. Je vous énonce ici les sept raisons :

  • Quand je me sens incomprise, la page, elle, m’écoute. Elle m’accueille inconditionnellement dans sa blancheur. Son silence n’est qu’une illusion. En ayant recours à elle chaque jour, il me semble que j’entre dans le calme immense d’un paysage de neige. Une voix me parvient plus douce, plus proche, plus feutrée. Cette voix, c’est ma voix de toujours, une voix de sagesse secrète et ancienne que me renvoie la page lorsque j’y chemine. Je deviens une promeneuse accompagnée par mes traces les plus fiables. Et je sais que j’ai été entendue par ce silence bien plus grand que moi quand les rêves que j’y ai inscrits se réalisent, qu’il se produit une parfaite synchronicité entre le mot et l’événement, entre ce que j’ai noté et ce que l’univers me retransmet dans son écho miraculeux.
  • Quand je me sens perdue, la page me remet sur mon chemin, non pas sur « le droit chemin », mais sur le chemin qui est juste pour moi. Je peux alors me retourner en toute confiance, voir la route que mon empreinte a tracée dans l’inconnu et si je m’aperçois que je me suis égarée, marcher à nouveau dans cette empreinte pour voir quand j’ai bifurqué, ceci afin de reprendre le chemin qui est le bon pour moi. C’est bien parce que la page quotidienne m’invite à faire des retours sur moi-même, à revenir régulièrement sur mes pas qu’il m’est impossible de régresser dans mon existence.
  • Quand je sens que mon ego enfle, la page me montre que rien n’est permanent – ni les honneurs, ni les humiliations ; ni les acquisitions, ni les pertes ; ni les joies, ni les peines. J’en veux pour preuve le miroitement de l’encre qui se ternit au fur et à mesure qu’elle sèche. Le chagrin noté hier se présente en tant que consolation aujourd’hui. La peur décrite au petit matin, après une nuit difficile, s’est cicatrisée sous forme de phrase. L’amant dont les lèvres, les mains ont été célébrées dans un si long poème au feuillet 8 est oublié à la fin du cahier car la conscience de la floraison du laurier a désormais envahi tout l’espace. La page témoigne de la permanente évolution de mon être. Et ce qui est extraordinaire, c’est qu’elle est la plus fiable messagère de mon histoire.
  • Quand je sens sous ma main la présence fine et frêle du papier, je me demande si cette simple feuille sera capable de supporter le poids de mes remords, de mes regrets et de mes doutes sans se déchirer. Pourtant, j’ai beau barrer, griffonner, raturer mes pensées d’un trait rageur, la page résiste. Elle ne plie pas. Elle demeure accrochée aux anneaux du cahier. Et si c’est moi qui décide de la détacher, elle s’envole, aussi légère qu’une aile d’oiseau, emportant par la fenêtre ouverte sur le jardin tous les fardeaux de ma condition humaine. En m’incitant à me pencher sur elle chaque jour, dans une posture d’écrivaine qui ressemble fort à une posture de priante, la page m’empêche de ployer sous l’apparente fatalité des événements.
  • Quand je sens que dans une discussion, je fais fuir les gens parce que j’ai trop tendance à parler de moi, je m’en retourne à la page qui, elle, ne me fait jamais défaut. Je peux lui confier inlassablement tous mes problèmes pendant toute la nuit… Il y aura toujours une page suivante afin de m’aider à y voir plus clair. Il suffit d’ailleurs de tourner la page pour renouveler l’attention du papier, m’accorder davantage de force et de concentration, renforcer la puissance de mon intention et de ma foi. Et un beau matin, je m’aperçois que j’ai vraiment tourné la page sur cette trahison, ce deuil, cette déception, cette épreuve… Je suis comme neuve pour aborder le chapitre de ce jour qui s’annonce.
  • Puisque tout au long de mon écriture, j’ai acquis la certitude que mon être est en perpétuelle métamorphose, je sais que la page accompagne cette métamorphose, en se transformant elle aussi. Chacune est le miroir de l’autre. Lorsque mes textes deviennent des poèmes colorés, des calligrammes, des affirmation positives, je sens que la page reflète la santé de ma dimension psychique et elle se fait quasiment enluminure. Les mots m’envoient leurs images. Enfin, je suis l’héroïne d’une aventure palpitante et intéressante : ma vie. Je reviendrai sur ce thème dans un prochain billet !
  • Quand je suis l’indéfectible amie de la page, c’est-à-dire que je suis fidèle envers elle chaque jour, je me sens récompensée au-delà de mes rêves les plus fous et de mes plus ardents désirs. J’oublie, en effet, que je tiens le stylo, que je touche le papier et donc, que j’écris. L’écriture n’est plus que traversée, mouvement. Et je suis la voyageuse de cette écriture. Je laisse derrière moi les contingences du voyage – voici encore quelques feuillets mais le cahier se termine, il faut en prendre un autre, la cartouche d’encre se vide, ai-je pensé à préparer la suivante ? etc – pour m’abandonner complètement à l’écriture comme à une amante. C’est d’ailleurs elle qui décide du trait comme de la caresse – plus prolongé, plus appuyé ou simple effleurement… Parce que je la laisse faire dans une intuition primordiale, un instinct de confiance initial, l’écriture écrit la vie à travers moi. L’écriture m’écrit.

Et vous ? Quels sont les bienfaits que vous apportent vos pages, vos toiles, vos partitions ? Comment vous permettent-elles d’être vous-mêmes (m’aime) de jour en jour ?

Géraldine Andrée

Auteur :

Ecrivaine, poétesse, biographe, veilleuse et éveilleuse de Vie !

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