Publié dans Créavie, Grapho-thérapie, Journal de ma résilience, Le cahier de la vie, Le livre de vie, Le temps de l'écriture, Récit de Vie

Il n’y a pas de vie parfaite pour écrire

Il n’y a pas de vie parfaite pour écrire. Si tu attends le cahier idéal, la couleur merveilleuse de l’encre, la fenêtre ouverte sur la mer, l’événement palpitant, l’idée pertinente, l’amant attentionné, l’inspiration inépuisable, tu n’écriras jamais.

Écris avec ce que tu as, le papier trop fin que la pointe de ton stylo transperce, le temps gris, la rue passante, les miettes de pain que tu éloignes du coude lorsque tu arrives au bord de la page. Sonde la solitude de ton cœur et penche-toi sur le silence que tu ramènes. C’est surtout cela, à mon sens, l’écriture.

Écris sans rien attendre de chaque instant.

Écris parce que tu es vivant(e) et que la vie telle qu’elle est, telle qu’elle se présente aujourd’hui, te le demande.

Géraldine Andrée

Publié dans C'est la Vie !, Créavie, Grapho-thérapie, Le cahier de la vie, Le journal des confins, Le temps de l'écriture

Chaque page est à recommencer le lendemain

Chaque page est à recommencer le lendemain.
Qu’importent l’intensité, l’importance, voire l’excellence de l’écriture du jour précédent.
Si l’on ne continue pas le travail le jour suivant, ce que l’on a fait la veille ne compte pas.
L’écriture est une épreuve, dans les deux sens du terme, c’est-à-dire la version d’un livre qui permet de mesurer le degré de son achèvement, l’étape de sa formation, la potentialité de sa mise au monde et le test à passer avec toutes les difficultés qu’il comporte.
Et l’on se méprend sur ce test. On croit à tort qu’il faut écrire bien, de manière parfaite, chaque jour.
Non. Le test consiste à accepter d’avoir tout à faire aujourd’hui et d’écrire, simplement écrire – marquer la page, s’ancrer /s’encrer dans l’instant présent, c’est tout.
Accepter que l’on n’a jamais fini, chaque jour de sa vie, que tout reste à vivre et à écrire, encore et encore…

Géraldine Andrée

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Les petits mots

Enfant, je laissais toujours des petits mots aux autres lorsque je m’éloignais :

« Je lis dans le jardin »,

« Je suis à l’intérieur du noisetier »,

« Je vais chercher un livre au centre commercial »,

« Je suis tout au fond de mon rêve. Ne me dérangez pas. »

Bien plus tard, à l’âge de trente ans, après une violente rupture amoureuse – promesse de mariage annulée, un appartement rien que pour moi – et après avoir été abandonnée par tous les amis communs au couple, je me laissais des petits mots, le soir, au-dessus de ma tasse de petit déjeuner et que je lisais avec délectation le lendemain matin, avant d’aller travailler :

« Je te souhaite une bonne journée. On ira au cinéma, ce soir. »

« À tout à l’heure ! Prends soin de toi ! »

« Courage ! Tu vas réaliser tes rêves ! »

« Rien ne dure. Mais garde en souvenir la joie ! »

J’en ai collé ainsi des posts-it, frêles morceaux de papier ou fragments de feuillets arrachés d’un vieux carnet à spirale inutilisé. J’avais l’impression de consteller mon espace d’un peu de mon être à chaque fois et, ainsi, de reconstituer mon unité narcissique.

Les petits mots m’ont aidée à traverser la vie. Je m’en écris tous les matins sur mon journal intime. Mais j’aime aussi en disséminer chaque jour dans ma maison qu’est mon site ou cette page L’Encre au fil des jours car c’est ainsi, je ne peux voguer au fil de chaque journée sans laisser derrière moi quelques pétales, réflexions, poèmes, pensées qui ne demeurent qu’en dansant sur un instant, avant de disparaître comme moi – jusqu’au lendemain peut-être, si d’aventure, quelqu’un d’autre les trouve tels que je les ai laissés.

Géraldine Andrée

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Écris ta ligne temporelle

Toute petite, je priais Dieu, le soir, couchée dans le noir. Je Lui demandais de changer la réalité. Mais lorsque je me réveillais, ma famille n’était pas plus gentille et les professeurs m’avaient toujours à l’œil.

Pourtant, sans que je m’en aperçoive, une autre réalité – la mienne -, s’est créée sur cette réalité. J’empruntais des livres de la Bibliothèque Verte dans la salle de lecture blafarde de la bibliothèque de ma ville. Et mes héroïnes préférées m’ont accompagnée chaque jour dans ce que j’avais à vivre. Elle partaient avec moi à l’école. Elles me racontaient leur vie pendant la récréation, tandis que j’étais assise sur l’une des marches glacées de l’escalier de pierre, en plein hiver. Alice Roy, en particulier, était ma plus grande amie. Et lorsque je voulais fuir la triste salle de classe toute grise, Oui-Oui, le petit pantin de bois me disait en cachette, installé sur mes genoux : En voiture ! Pour la grande aventure !

Pendant que ma mère se plaignait que sa maison était toute sale, je dansais avec les branches du platane au rythme du vent, devant la fenêtre de ma chambre. Et puis, j’avais ma marionnette, Cathie, qui mettait en scène par la seule entremise de ma main les disputes de famille en y apportant un humour touchant qui me faisait pleurer et rire aux éclats à la fois.


Quand j’ai grandi, j’ai voulu partir. Mais il n’y avait pas grand chose dans ma valise. C’est alors que la Poésie m’a dit : Viens ! Je t’emmène ! Ensemble, nous avons pris le chemin bordé de pins sylvestres jusqu’au chant d’une fontaine enchantée, cachée au cœur d’une forêt d’un autre temps. J’avais suivi la voix d’un poète, dit mineur, qui voyait immensément clair en mon âme.


Certes, la réalité n’avait pas changé mais mon regard sur cette réalité avait bel et bien changé. Si le monde extérieur existait toujours, je possédais, moi, un univers intérieur bien plus grand que ce monde qui, après tout, ne faisait sa révolution qu’autour de lui-même. Et les deux réalités se côtoyaient désormais, sans se heurter.


Et vous, comment vous créez-vous votre réalité quand l’autre est difficile à vivre ?

Vous saurez tout dans cet article !

Géraldine Andrée, article extrait des Mots Positifs
Publié dans Ce chemin de Toi à Moi, Journal de la lumière, Un troublant été

L’énigme

Nous avons pris, sans nous en apercevoir,
le chemin devenu noir.
Pas à pas, nous nous sommes éloignés de l’hôtel,
de sa fête, de sa musique, de ses paillettes.

Les lampadaires étaient de plus en plus rares.
Et pourtant, je m’en souviens comme si c’était hier :
le souffle de la mer à ta gauche,
nos épaules qui se frôlent…

Nous devisions sur ce que nous appelions
Le Mystère Valérie,
ses propos si bizarres,
ses attitudes d’enfant,

cette fillette qu’elle confondait
avec son aïeule,
sa tendance
à parler toute seule…

-Je me fais beaucoup de souci,
disais-tu,
et je suis certain
qu’elle a une maladie de mémoire…

À tout cela, je ne savais évidemment
que répondre.
C’est en tentant de te réconforter
que nous sommes arrivés

sous les étoiles,
bien plus vives,
bien plus nombreuses,
sans les réverbères.

Les mots n’avaient, certes,
pas élucidé le mystère
du devenir
de Valérie,

mais ils avaient éclairé
l’instant toujours suivant
de ce chemin
de bord de mer

et nous avaient fait avancer
ensemble,
l’un se guidant
d’après les paroles

de l’autre,
comme s’il y avait eu
jusqu’au bout,
devant nous,

de la lumière.

Géraldine Andrée


Publié dans Art-thérapie, Cahier du matin, Grapho-thérapie, Journal de la lumière, Le journal des confins, Le temps de l'écriture, Poésie, Poésie-thérapie

La gratitude d’écrire

La gratitude
à mon retour
d’écrire

sous le point
d’or
du jour

après
avoir traversé
la nuit

de fête
tiède
et bleue

Toutes
ces étoiles
pour mes seuls

yeux

Géraldine Andrée

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Je me souviens à la manière de Georges Perec sur le thème de l’Enfance

Je me souviens du flamboiement de la forêt à la fenêtre de la maison disparue
Je me souviens de la gorgée de miel sur mon angine
Je me souviens des brûlures d’ortie que je frôlais quand je marchais dans les herbes folles
Je me souviens du bouquet de la mer qui s’ouvrait par surprise entre deux terres après de longues heures de route
Je me souviens de mon adieu au cèdre du Liban du haut de mes sept ans
Je me souviens de l’odeur d’imprimerie des catalogues de jouets dont je passais commande au Père Noël
Je me souviens des indigestions de brioche
Je me souviens des bâtons de réglisse que je suçais pendant ma varicelle
Je me souviens de la croûte que j’enlevais avec délectation de mes blessures
Je me souviens de ma longue conversation avec le noisetier j’en ai retenu le murmure des feuilles et le grand vague du vent
Je me souviens de la bulle de chewing-gum rose qui a éclaté dans mes cheveux et l’institutrice m’a fait faire le tour des classes ainsi coiffée
Je me souviens de ma rencontre avec l’abeille dans une corolle de rose
Je me souviens de l’odeur de tabac dans le salon de mon grand-père
Je me souviens du minuscule service à thé argenté pour petite fille
Je me souviens de la panthère du tapis persan qui voulait me dévorer de toutes ses dents quand je marchais sur elle
Je me souviens des sauces caramélisées de ma grand-mère
Je me souviens des pleurs et de la morve ravalés sur l’insoluble problème de géométrie
Je me souviens de mon cartable trop lourd dont la lanière me sciait les épaules
Je me souviens d’un pays du Sud qui m’est revenu dans la triste salle d’étude alors que je n’y étais jamais allée
Je me souviens de mon cahier ouvert après avoir marché longtemps dans la neige bleue
Et j’ai compris bien après l’enfance qu’écrire c’est marcher dans la neige tous les jours même lorsque la lumière de l’été accroche sa dentelle dorée aux volets vénitiens
Je me souviens de mes seins qui me faisaient mal quand j’enfourchais mon vélo C’était fini J’avais grandi

Et vous, quels sont vos souvenirs d’enfance ?

Géraldine Andrée

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Elle s’est cherchée

Elle s’est cherchée

dans l’identité

de tant d’héroïnes inventées

qu’elle faisait vivre à sa place…

jusqu’à ce qu’elle découvre au cours

de l’aventure de l’aube

que son seul vrai visage

se mirait dans le blanc apaisant

de la page

de son journal…

Géraldine Andrée