Quand j’écris
de bon matin,
je vois s’étendre
sur l’ancien jardin
la lumière
blanche
comme une nappe
de dimanche,
le forsythia de mon enfance
que je croyais déraciné
refleurir
pour l’éternité,
la flamme rousse
de la chatte décédée
s’élancer d’un taillis
vers mon souvenir,
et si je me laisse guider
par ce rythme régulier,
je retrouve
le petit sentier
qui mène
à l’étoile verte
de la clairière
où Marie la vive
vient de s’asseoir,
jupe retroussée
au-dessus des genoux
pour son amoureux…
Quand j’écris de bon matin,
des soleils s’alternent
devant mes yeux
et ma page est une vitre
où se rapproche
chaque instant
de jadis
qui m’attend…
Quand j’écris
si tôt,
je prends le train
du temps.
Géraldine Andrée