Ne te laisse pas intimider par la page dont la blancheur te fait douter de ton inspiration.
Ne te laisse pas enfermer par son cadre illusoire. Je sais, on t’a habitué à ne pas franchir les lignes, à ne pas déborder de la marge, à écrire comme on avance, c’est-à-dire droit.
Et pourtant, si je te disais que la page est un vaste endroit où tu peux prendre toute ta place ?
Si je te disais que la page est un océan dont les vagues, en ondulant, en ondoyant te mènent vers toi-même ?
Regarde la page. Elle est ton miroir, non pas un miroir où tu te juges avec sévérité, où tu ne repères que tes défauts, mais un miroir qui te permet de te rapprocher de toi, de te regarder dans les yeux pour y voir se révéler tes rêves.
Considère la page comme la possibilité d’un voyage où il n’existe
nul sens unique.
Commence par un mot – un seul – n’importe où, à droite, à gauche. en bas, en haut.
Réinvente tes points cardinaux. Écris au Sud, écris à l’Est.
Écris avec confiance ce que tu éprouves, ce que tu penses, qui tu es.
Imagine que ta plume signe chaque battement d’ailes d’un oiseau.
Sois, grâce à la page, ce grand espace où tu contemples ton passage.
Géraldine Andrée