Dans le grand salon de l’Ehpad,
une dame vêtue de blanc
essuyant régulièrement
la bouche de son mari
qui bave
me dit :
« Est-ce que Dieu existe, ici ?
Est-ce qu’il existe
dans les varices,
le handicap,
l’arythmie,
l’amnésie,
l’aphasie ?
Est-ce qu’il existe
dans l’attente
de la prochaine visite ?
Dans les yeux anxieux
de Madame X.
qui fixe
la vitre ?
Pascal a dit
qu’il fallait en faire
le pari.
Si Dieu existe
ici,
alors, tant mieux !
Et s’il a oublié cet endroit,
on n’a rien perdu
d’avoir gardé la foi.
Toute notre vie,
après tout,
on l’a vécue.
Alors, le temps qu’il nous reste,
on peut bien le passer à croire.
Qui sait ?
Peut-être que Dieu
existe déjà
dans le regard
du nouveau venu,
un peu désorienté encore,
mais éclairé par la lampe
de notre table,
ce soir… »
Géraldine Andrée