Le jardin
qui n’existe plus,
depuis longtemps disparu,
m’est revenu.
Je le vois
par la fenêtre
de mon rêve.
Voici
ses cailloux
qui brillent,
son sapin
d’argent
chatouillant
à l’aurore
le ventre
de la lune
qui tremble
dans un rire
silencieux,
les feuilles
dentelées
de sa haie
où la flamme
blanche
et vive
du chat
feu
se faufile,
le buisson
profond
auquel je confie
la tache
de sang
nouveau
tout en bas
de ma robe
à volants,
le sentier
se déhanchant
jusqu’au cordon à linge,
la vigne vierge
qui se constelle
de points roux
à la fin août
quand le vent
se lève,
et la terre
sous le marronnier
où repose
l’abeille
morte
ivre
des senteurs
de toutes
les fleurs.
Le jardin
s’apprête
à revivre
dans la mémoire
de mon songe,
dans le songe
de ma mémoire.
Est-il possible
que les jardins
évanouis
pensent
toujours
à nous
et que ce soient eux
qui gardent le souvenir
de notre enfance
dans le doux
bruissement
de leur souffle
se prolongeant
d’instant en instant
depuis leur ultime
soupir ?
Est-il possible
que ces jardins
éteints
nous redonnent
comme au temps
de leurs fruits
l’immense goût
de vivre ?
Géraldine Andrée